Lamu : Film 2 - Beautiful Dreamer

Au lycée Tomobiki, les étudiants sont affairés à la préparation du festival de l'école. Avec eux il y a Lamu, la belle extra-terrestre en bikini tigré qui ne saurait quitter un instant des yeux son "darling", Moroboshi Ataru. Mais quelque chose d'étrange est en train de se produire dans les alentours de l'école: tout le monde prépare le festival depuis une semaine et les préparatifs n'arrivent jamais à leurs termes. Le temps paraît s'être figé et les habitants de la ville entière disparaissent sans laisser de trace.

Ataru, Lamu, Mendo, Shinobu, Sakura et leurs camarades se retrouvent seuls dans un monde qui tombe en ruines. Ne se préoccupant nullement de ces évènements mais au contraire étant bien heureux de ne plus à être assujettis aux règles de l'école (voire de la société toute entière) tous les membres de cette joyeuse troupe tentent de se créer un petit paradis où l'on passe ses journées à s'amuser et à rire.

Cependant, Mendo et Sakura finissent par comprendre que tout cela ne peut être réel et avec l'aide d'un avion, ils survolent leur quartier et montrent à leurs amis la réalité dérangeante: le monde n'existe plus mais leur ville - ou plutôt ce qu'il en reste - se trouve à présent fluctuant dans le cosmos sur le dos d'une gigantesque tortue en pierres. Derrière tout cela, se cache l’œuvre du magicien Mujiaki dont le devoir est de réaliser les rêves, bons ou mauvais, d'une personne. Mais qui a bien pu faire un rêve aussi étrange qu'angoissant?

Devant le succès de la série animée Lamu, il est décidé de réaliser un long métrage en 1983, Only You, confié à un jeune réalisateur ayant déjà travaillé sur la série, Mamoru Oshii. L’année suivante, on le charge de la réalisation du second film, intitulé Beautiful Dreamer, et cette fois, il se voit également confié le scénario. Ayant obtenu carte blanche auprès des producteurs (qui lui imposent seulement de faire apparaitre à l'écran des monstres issus des films de la Toho comme... Godzilla !), Mamoru Oshii va laisser libre court à son imagination et s'éloigner des sentiers balisés du manga et de l'animé pour adapter l'univers de "Lamu" à ses envies scénaristiques.
Bien évidemment, il ne faut pas s’attendre aux questionnements philosophiques qui seront sa marque de fabrique dans les longs-métrages à venir, mais ce film se démarque nettement de ce qui avait été fait jusqu'ici.
"Beautiful Dreamer" a été conçu comme une variation autour d'un épisode de l'animé, "une histoire de Cauchemar" (le 21ème). Alors que tout commence dans un rythme infernal tout à fait typique de la série, le film va vite dériver vers une ambiance plus mystérieuse et onirique. On retrouve alors les prémices de ce qui va caractériser le "style Oshii" comme une ambiance sereine et apaisante, une grande attention aux détails et aux métaphores visuelles et un questionnement profond sur la condition humaine (alors que la série était axée avant tout sur les rapports entre humains et extra-terrestres - ces derniers étant largement absents ici).

Pour ce qui est de la trame du film, elle se joue autour d'un mystère très intrigant qui est résolu petit à petit, et qui reprend des éléments de la célèbre légende japonaise d'Urashima Taro. Mamoru Oshii se rapproche d'ailleurs sur ce point de Rumiko Takahashi qui exploite énormément les mythes japonais dans son manga. Ataru/ Ronny endosse donc le rôle de Urashima et grimpe sur le dos d'une tortue qui l'emmène (avec ses amis) vers un paradis artificiel. Dans les deux cas, le temps occupe une place primordiale dans l'histoire.
En fait, "Beautiful Dreamer", après être passé continuellement du rêve à la réalité, prend tout son sens dans son avant-dernière scène, durant la conversation entre Ronny, assis sur une chaine chromosomique, et une Lamu âgée de 6 ou 7 ans dont la silhouette s'est baladée durant tout le film. Explorant les limites du temps et de la réalité, c'est un film surréaliste qui pose la question de savoir ce qui est un rêve ou la réalité et de ce qui les différencie... Si quelque chose les différencie réellement !

On regrettera que la version française ne reprenne aucune des voix de la série télévisée.