Le Postier de Neige

Fiche technique
Nom originalSnegovik-pochtovik - Novogodnyaya skazka
(Снеговик-почтовик - Новогодняя сказка)
Le Postier de neige - Conte du Nouvel An
OrigineRussie
Année de production1955
ProductionSoyuzmultfilm
Durée20 minutes
AuteurVladimir Suteev
RéalisationLeonid Amalrik
ScénariiVladimir Suteev
AnimationRoman Davydov, Boris Boutakov, Renata Mirenkova, Faina Yepifanova, L. Popov, Vadim Dolgikh, A. Belov, Lidia Reztsova, Kirill Malyantovich, Fedor Khitruk, Tatiana Taranovitch, Nadezhda Privalova, Victor Likhachev, Vladimir Arbekov, Elizabeth Komova
Direction artistiqueAlexander Trussov
Direction du sonNikolai Prilutsky
DécorsKonstantin Malychev, V. Rodzhero, V. Valerianova, Alla Goreva
Direction photographieMikhail Druyan
MusiquesNikita Bogoslovski
Diffusions
1ère diff. Cable/Sat/TNT7 et 8 janvier 1995 (Canal J)
Rediffusions23 et 24 décembre 1995 (Canal J)
décembre 1996 (Canal J)
25 et 26 décembre 2004 (TiJi)
Editions
Sortie en VHS1993 (Citel)
Synopsis

De jeunes enfants, jouant ensemble dans un parc recouvert de neige, décident d'envoyer une lettre au Père Noël (Ded Moroz alias Grand-Père Gel dans la version originale), ce pour lui demander la seule chose qu'ils désirent, et qu'ils n'ont pas encore alors que la fin de l'année approche : un arbre de Noël (arbre du Nouvel An dans la version originale). Ainsi en leur quartier, lors du réveillon, le résineux leur permettra de se réunir comme il se doit, à ses côtés, et de fêter de la plus belle des manières cette nuit si particulière, le dit arbre en étant le symbole. Pour envoyer ce courrier au vénérable personnage que l'un des enfants à écrit, et sur une idée de celui-ci également, ils font un bonhomme de neige qu'ils baptisent du nom de Postier. A leur création, ils confient le précieux message, en souhaitant et chantant de tout leur coeur que la missive parvienne à son destinataire.

La nuit venue, alors que les enfants ont quitté les lieux pour leur foyer, le Postier de neige prenant vie au milieu du parc, la lettre à la main, s'interroge sur sa mission, ne sachant trop où se trouve celui à qui il doit remettre la précieuse enveloppe et son contenu, et ce qu'il doit lui demander. Titou, le petit chien qui jouait avec les enfants, se présente alors au Postier de neige pour lui apporter son aide. Ils partent ainsi tous deux, à travers bois, en direction du lieu de résidence du Père Noël (Grand-Père Gel).
En traversant la forêt, ils croisent sur leur chemin un hibou et un renard roux (une renarde dans la version originale). Ce dernier demande alors au Postier de neige ce qu'il cherche, et le Postier lui répond tout simplement qu'il doit remettre un courrier au Père Noël (Grand-Père Gel) et que ce dernier doit lui donner quelque chose. Le renard roux l'interroge encore en lui demandant si ce quelque chose ne serait pas un poulet, le Postier lui répondant par la négative en lui précisant que cela est bien plus gros, ce qui amène le renard roux à lui demander encore si ce ne serait pas alors de deux poulets dont il pourrait s'agir, ce que le Postier répond à nouveau par la négative, répétant encore que cela est bien plus gros. Sur ce, le Postier de neige et Titou reprennent leur route, mais ils sont suivis par le hibou qui, les survolant, leur dérobe la lettre. Tout en s'enfuyant à tire-d'aile, le volatile laisse échapper le précieux courrier que le renard récupère, les deux voleurs réussissant alors à distancer l'être de neige et son petit ami canin les poursuivant...

Peu après, encore essoufflés, le renard roux et le hibou rencontrent un loup qui lui aussi veut s'emparer de la lettre. Pendant qu'ils se disputent l'objet, Titou, qui a réussi à les rejoindre, récupère le courrier pour le redonner au Postier, celui-ci tentant maintenant d'échapper au hibou, au renard, ainsi qu'au loup. Dans cette course poursuite, ils réveillent un ours dont ils n'avaient pas deviné la présence : celui-ci sommeillait sous un monticule de neige autour duquel ils venaient de faire plusieurs fois le tour. Le trio chapardeur s'enfuit alors à la vue du grand animal et de sa voix de baryton. Quant au Postier de neige et Titou, ceux-ci bravant leur appréhension, ils content à l'ours la mission qui est la leur, et le plantigrade accepte de les aider pour les conduire auprès du Père Noël (Grand-Père Gel). Mais les trois prédateurs guettent encore une autre occasion qui leur permettra de s'emparer à nouveau du courrier...


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Commentaires

Ce film d'animation est une adaptation du conte Ëlka / Yolka (L'Arbre du Nouvel An) écrit et dessiné par Vladimir Suteev (1903-1993), et édité un an auparavant, en 1954, aux éditions moscovites Detgiz. L'album composé de 19 pages, celles-ci étant magnifiquement illustrées dans un style classique mais ô combien agréable, fut réédité en 1963 par Sov. Rossiia (consultable sur ce PDF), modifiant à cette occasion la date inscrite sur le calendrier des enfants sur l'un des dessins, l'éditeur faisant de même pour plusieurs autres films d'animation. L'album fut réédité plus récemment en 2000 chez ACT (ces éditions semblent toutefois avoir perdu de la qualité des couleurs issue des publications de 1954 et 1963).
L'écrivain et illustrateur Vladimir Suteev composa tout le long de sa carrière de nombreux albums comme celui-ci, avec une prédominance pour les contes animaliers, qu'il adapta ensuite sous la forme de films d'animation au studio Soyuzmultfilm. Il signa ainsi nombre de scénarios d'après ses propres oeuvres littéraires, tout en dirigeant ou coréalisant également certaines – une dizaine – de ces productions cinématographiques. La littérature jeunesse russe du 20ème siècle lui doit également la reprise de l'univers de Jose Cabrero Arnal, à savoir le personnage de Pif, le chien, célèbre vedette du magazine français Vaillant qui devint Pif Gadget... ce même Pif ayant droit en 1970, en ce pays des Soviets, à une adaptation sous la forme d'un film de marionnettes réalisé par Dimitri Babichenko...

Parmi les chefs-d’œuvre de l'animation russe, Le Postier de neige offre de nombreux charmes. Celui tout d'abord de son décor de neige, mais aussi de son personnage fait de la même matière qui, au travers de l'ouvrage des artistes, lui confère une douce et chaleureuse bienveillance, et ce malgré la matière froide qui le compose. Aussi, la transposition entre les dessins du livre de Vladimir Suteev et ceux de l'animation du studio Soyuzmultfilm conserve la duveteuse atmosphère couchée sur les quelques pages de l'album, tout en développant évidemment de par la longueur du métrage un déploiement d'effets esthétiques faisant briller de mille éclats ce petit joyaux de l'animation. Quelques changements narratifs permettent également de donner un peu plus de mouvement et de rythme à l'histoire auréolée par la somptuosité des dessins due à la virtuosité des artistes.
On remarquera que si l'album laisse l'imagination libre quant au lieu où se déroule et débute l'histoire – on y voit de petites maisons dans ce qui semble être un village –, le film d'animation lui, lors de la première scène où l'on découvre les enfants jouer et faire le bonhomme de neige, impose et montre en arrière-plan (comme à la fin du métrage), un grand bâtiment qui ne laisse aucun doute quant à sa nature : il s'agît de l'immeuble d'habitation de la berge Kotelnitcheskaïa, au cœur de Moscou, dont la construction fut terminée un an environ avant que Le Postier de neige ne soit réalisé. Ce gratte-ciel, ou plutôt cet immeuble de grande hauteur pour le désigner en le différenciant de ceux du monde capitaliste, fait parti avec six autres, dont le dernier fut terminé en 1955, d'un groupe de bâtiments nommé les Sept Sœurs, groupe qui devait être composé, à la création du projet lancé le 7 septembre 1947 sous l'impulsion de Staline pour fêter le 800ème anniversaire de Moscou, par un autre édifice qui ne sera jamais bâti. Ainsi, à la fin du métrage, dans l’esprit des Moscovites, les enfants patinent sur la rivière Moskova. On peut voir encore ce bâtiment, en arrière-plan, lors d'une scène dans le court-métrage pour adulte Dorogaya Kopejka réalisé en 1961 par Ivan Aksenchuk, celui-ci évoquant la deuxième réforme monétaire soviétique avec pour final la conquête spatiale – Aksenchuk rendant également hommage cette année-là à Gagarine et Titov –, film où l'immeuble représente même l'URSS dans une scène évoquant les monnaies du monde, et où l'on peut voir également une autre des Sept Soeurs, la plus haute, celle accueillant depuis 1953 l'Université d'État Lomonossov de Moscou.

Sans perdre de sa magnificence, la version française du Postier de neige diffusée sur Canal J, cela au travers de la collection étasunienne « Animated Classic Showcase » de Film Roman et Film by Jove (accompagnée comme sur la VHS d'Une Flamme scintille dans l'igloo et de Grand-père des glaces), pâtit néanmoins, comme plusieurs des titres ayant été adaptés en cette collection pour le public américain, de quelques aspects de sa création d'origine qui y ont été expurgés, dont en premier lieu les compositions aux accents tchaïkovskiens écrites par Nikita Bogoslovski (1913-2004) qui étaient, comme toutes celles qui furent créées pour le studio Soyuzmultfilm pendant l'âge d'or de celui-ci dans les années 1950, caractéristiques de l'orchestration et de l'enregistrement d'alors. Aussi, comme déjà souligné, notamment pour Le Petit Shego ou La Petite Sirène, les musiques de type classique utilisées lors de l'adaptation américaine au début des années 1990 sont quelque peu marquées par une couleur sonore plus moderne et manquent de profondeur.
De même, comme sur Une flamme scintille dans l'igloo et Le Petit Shego passés entre les doigts – tels ceux d'un Edward aux mains d'argent – de Phil Roman (Film Roman) et Oleg Vidov (Film by Jove) en 1992, près de deux minutes du métrage du Postier de neige disparaîtront lors de l'enregistrement de la version étasunienne (titrée Snow Postman et adaptée par Stephanie Mathison), et de fait de la version française québécoise réalisée avec celle-ci. Ainsi, quelques plans ou courtes scènes seront coupées, comme lors de la petite course poursuite dans la forêt jusqu'à l'apparition de l'ours endormi sous la neige. Mais c'est la dernière grande scène du métrage qui est la plus touchée car, dans le petit ballet clôturant l'aventure où les enfants réunit autour du sapin dansent et patinent sur la glace (scène ne figurant pas dans l'album), plusieurs plans ont disparu. De même, la musique qui accompagnait seule ce passage se verra en partie remplacée par une chanson : Chaque Noël, nous attendons, Postier de neige qui est si bon. L'arbre qu'il nous donne, c'est le plus beau, Nous le remercions de son cadeau. Postier de neige, tu es très fort, Postier de neige a un coeur d'or. Toutes les étoiles, toutes les chandelles, Éclairent tes cristaux de dentelles. Tous les bonbons, les chocolats, Avec toi on les partagera. Postier de neige, tu es très fort, Postier de neige a un cœur d'or.
Parmi quelque autre changement notable, on soulignera que si dans le doublage français et américain, il est donné une voix masculine au renard roux, la version originale faisait de l'animal, de par ses cordes vocales, une renarde, ce que l'on peut remarquer également à la vue de son regard au long cil.
On notera également concernant la collection « Animated Classic Showcase » / « Les Grands Classique de l'Animation » que Daniel Roussel (la voix off présentant les oeuvres proposées sur les enregistrements de Film Roman, introduction également diffusée lors de leur passage sur Canal J) évoque le pôle Nord pour lieu de résidence du Père Noël, ce qui est certes vrai pour ce dernier, mais qui sur le décor de ce court-métrage ne correspond pas tout à fait au lieu annoncé puisque c'est de Grand-Père Gel dont il s'agit dans ce film, personnage quelque peu différent de notre Père Noël comme souligné un peu plus bas, et que celui-ci vit dans la forêt.

Concernant l'arrivée de ce film chez l'oncle Sam, une version étasunienne précéda celle de Phil Roman, dès 1957, et alors titrée Spunky The Snowman. Si une partie de la partition originale avait été conservée, les voix des personnages, elles, ont été purement et simplement remplacées par celle unique d'un narrateur, et pour cause le métrage même fut réduit de moitié, les dialogues ne pouvant être ainsi conservés dans de telles conditions (production : Saul J.Turell / texte : Israel M. Berman / coordinateur : Paul Killiam). Aussi, peut-être que ce film a connu également une première version française réalisée directement à partir de la version russe dans les années qui suivirent la sortie du film au cinéma (comme pour L'Antilope d'Or). Mais cette supposition reste plus qu'incertaine puisque nous n'avons pas trouvé trace de cette version.

Si ce conte de Noël est titré dans la version originale Conte du Nouvel An, la raison en est fort simple puisque depuis l’instauration du nouveau pouvoir socialiste en 1922 (faisant de la Russie l'URSS jusqu'en 1991), Ded Moroz (Grand-Père Gel), l'équivalent du Père Noël en Occident (et plus encore historiquement de Saint Nicolas, tout en étant à ses origines un personnage très proche du père Fouettard), ne distribue plus ses cadeaux le 25 décembre qui n'est plus alors un jour férié, mais la veille du Nouvel An. A cet égard, Olga Khodataeva a coréalisé en 1948, avec Petr Nossov, le court-métrage d'animation de Noël somptueusement coloré et animé Novogodnyaya Noch' (La nuit de la nouvelle année). Le titre même de ce dernier soulignait bien le changement de jour institué sous le régime communiste, la période de fête n'étant alors plus marqué par la naissance du Christ. Comme on le voit d'ailleurs en ce film de Olga Khodataeva et Petr Nossov et dans Le Postier de neige, pour colorer encore la fête d'un aspect socialiste, les cadeaux sont distribués la veille du jour de l'An, non pas individuellement, mais à des groupes d'enfants. Novogodnyaya Noch' était également marqué par quelques éléments de la technologie contemporaine soviétique, celle-ci prenant quelque peu le pas sur la magie. Ainsi, après avoir montré les progrès du monde moderne à un gobelin encore dans l'univers de la féerie, Grand-Père Gel, à bord d'un petit avion dont la forme emprunte quelque peu à la fusée, pourra livrer à temps le grand arbre du Nouvel An au cœur de la ville, le film se terminant par quelques pas de danse comme dans Le Postier de neige.

Onze ans plus tard, en 1959, dans Novogodnee Puteshestvie (Le voyage du Nouvel An), Petr Nossov qui réalise ce court-métrage réutilisera un avion, étincelant d'étoiles celui-là, transportant Grand-Père Gel dans les airs (à ce propos, Vladimir Suteev dessinera également une fusée pour moyen de locomotion de Grand-Père Gel dans une planche consacrée à son adaptation de Pif, l'espace, entre autres sujets, s’immisçant quelque peu en ces années dans l'imagerie de la fête du Nouvel An). Dans cette histoire, un jeune garçon moscovite endormi, rêve que Grand-Père Gel lui prête son aéronef pour rejoindre son père travaillant dans la station Vostok, en Antarctique (station installée depuis décembre 1957 près du pôle Sud magnétique). Lors de son départ dans les cieux, on aperçoit notamment ce qui semble être le satellite Spoutnik 2 (à moins que ce ne soit le suivant) que l'Union soviétique avait mis en orbite le 3 novembre 1957, celui-ci se désintégrant dans l'atmosphère le 14 avril 1958 avec la pauvre Laïka, son petit passager mort depuis longtemps. On notera que Petr Nossov avait déjà réalisé en 1942 Elka - Novogodnyaya skazka (L'Arbre - Conte du Nouvel An) en noir et blanc où, attaqué par des loups, Grand-Père Gel et son attelage d'un renne sont secourus par les animaux de la forêt, le souffle glacé du vieil homme finissant de repousser les canidés, et l'aventure se terminant – déjà – en dansant autour du grand arbre du Nouvel An.

Grand-Père Gel et son souffle glacial (aspect du personnage qui prend sa source auprès des dieux slaves) présent dans Novogodnyaya Noch' de Khodataeva en 1948, et Elka de Nossov en 1942, fut également, quelques années plus tôt, le héros du court-métrage d'animation Ded Moroz i seryj volk (Grand-Père Gel et le loup gris, 1936) réalisé également par Olga Khodataeva, où le dit loup veut croquer quelques petits lapins que Grand-Père Gel sauvera, ce d'après justement Vladimir Suteev qui en signait le scénario. Ce film participa alors au retour de Grand-Père Gel dans le paysage culturel soviétique voulu par Pavel Postychev (secrétaire du PC reconnu avec Staline et quelques autres comme l'un des responsables du génocide par la famine de l'Holodomor en Ukraine et au Kouban en 1932 et 1933), le personnage du vieil homme ayant été proscrit de la fête du Nouvel An depuis la Révolution bolchevique, ce pour diverses raisons qui le liaient soit disant trop à la Russie tsariste depuis le 19ème siècle, cela comme pour le sapin interdit sous le coup de la politique anti-religieuse de l'Etat et qui fut à nouveau autorisé en 1934. Vladimir Suteev adaptera une nouvelle fois l'histoire de Grand-Père Gel et du loup gris en un court-métrage où il officiait également en tant que directeur artistique, toujours pour le studio Soyuzmultfilm, cela quarante ans plus tard, en 1978, sous la direction de Vitold Bordzilovsky, avec parmi les personnages, un bonhomme de neige tel le Postier pilotant une camionnette pour aider Grand-Père Gel dans sa tournée. A cet égard, en 1950, Vladimir Suteev écrivit et scénarisa un autre conte du Nouvel An intitulé Kogda Zazhigayutsya Elki (Quand l'Arbre du Nouvel An s'illumine) où est déjà présent le bonhomme de neige conduisant dans sa camionnette Grand-Père Gel, et l'accompagnant dans la distribution des cadeaux. Dans ce court-métrage dirigé par Mstislav Pashchenko, un ours en peluche et un lapin de laine tombent du grand sac que Grand-Père Gel a posé à l'arrière de la camionnette de son ami de neige, cela alors que le véhicule traverse la forêt. En celle-ci, les deux jouets font alors la connaissance d'un loup croyant se régaler, avant de constater que les deux petits êtres ne sont guère comestibles. Ceux-ci retrouveront le chemin de la maison de Grand-Père Gel grâce à un lapin qui les y reconduira. Snégourotchka, fille des neiges et de Ded Moroz (Grand-Père Gel), après avoir fait prendre un bon bain aux deux jouets, part alors avec eux, sur son traîneau tiré par des rennes, rejoindre son père pour que ce dernier puisse les offrir aux enfants à qui ils sont destinés.

Sans qu'il y ait de rapport, on peut éventuellement accorder au Postier de neige un pendant américain en le personnage de Frosty the Snowman. Celui-ci était né quelque temps plus tôt en 1950 – mais toutefois la même année ou Suteev fait apparaître son bonhomme de neige plein de vie dans Kogda Zazhigayutsya Elki – au travers d'une chanson interprétée par Gene Autry (reprise de suite par Nat King Cole puis encore par de nombreux autres artistes au fil du temps) adaptée la même année sous la forme d'un conte en un album jeunesse, puis qui deviendra un court-métrage musical d'animation en dessins animés en 1954 via UPA pour la télévision, puis parmi quelques autres encore un célèbre court-métrage d'animation en 1969 via Rankin/Bass Productions avec notamment, comme sur nombre d'ouvrages de ce studio étasunien, des artistes japonais du studio Mushi ayant oeuvré à sa conception tels les célèbres Sugino Akio et Dezaki Osamu (court donnant lieu à trois autres métrages).
Sauf quelques exceptions – un bonhomme proche du monstre de Frankenstein dans The Snow Man de Ted Eshbaugh en 1932 ou dans le musical Der Schneemann de Hans Fischerkoesen en 1943-44, film d'animation allemand usant de quelques effets très réussis en 3D –, c'est peut-être les premières fois dans des oeuvres d'animation que le bonhomme de neige dans son aspect bienveillant prend pleinement vie et mouvement et devient un personnage à part entière, même si depuis que l'on fabrique des bonhommes de ce genre où que l'on les représente en quelque illustration, ils leur ont toujours été insuflé comme une âme et une certaine personnalité telle celle que l'on transmet à toute chose représentant un être.

D'autres artistes du studio Soyuzmultfilm fêteront la nouvelle année, comme pour exemple Vladimir Degtyarev (1916-1974, il réalise des films en stop motion à partir de 1954 pour le studio Soyuzmultfilm) écrivant et mettant en scène en 1972 le court-métrage Novogodnyaya skazka (Conte du Nouvel An), film réalisé en volume et animé image par image par, entre autres, le célèbre Youri Norstein. En ce magnifique ouvrage, l'arbre du Nouvel An est une fois encore un élément moteur de l'histoire puisque des enfants auront quelques difficultés à prendre celui qu'ils ont trouvé dans la forêt, ce à cause d'un homme des bois (une sorte de gobelin, personnage également aperçu dans Novogodnyaya Noch' de Olga Khodataeva) ayant la faculté, tel Grand-Père Gel, de souffler un air glacé de sa bouche qu'il utilise pour éloigner de son habitat les animaux et les enfants qui l'importunent, ce avant qu'il ne se décide à offrir son aide à ces derniers pour leur permettre de rapporter chez eux l'Arbre du Nouvel An. Vladimir Degtyarev (qui adapta par ailleurs deux scénarios de Vladimir Suteev en 1962-63) avait également réalisé en volume Timoshkina Elka (L'Arbre de Timoshkina) en 1966 où, toujours en un décor hivernal mais visuellement chaleureux, un jeune garçon gronde son petit chien venant de casser une boule qu'il devait accrocher sur le sapin qu'ils décorent ensemble. Pour le punir, l'enfant fait sortir le petit animal de la maison. Le chiot, qui s'aventure alors un peu trop loin, se perd. Il est secouru par un bonhomme de neige et son ami l'épouvantail qui lui permettent de retrouver son chemin, ainsi que son jeune maître inquiet de sa disparition, et ce alors que la température avait chuté. Sensible aux décors de neige, Vladimir Degtyarev avait, dès 1956, mis en scène en stop motion Chudesnyj Kolodec qui, sans être un conte sur le Nouvel An puisqu'il s'agissait d'une adaptation du conte « Moroz Ivanovich » écrit en 1841 par le prince Vladimir Odoïevski d'après « Dame Holle » des frères Grimm, faisait également intervenir Grand-Père Gel, celui-ci se retrouvant l'année suivante fait de dessins animés dans le court-métrage en volume Skazka o Snegurochke (Le conte de Snegurochka, la fée des neiges) coréalisé par Vladimir Danilevich avec Vladimir Degtyarev qui en fera une autre version entièrement faite de dessins animés en 1969.

Ainsi, pour de nombreuses fins d'année, le studio Soyuzmultfilm produisit quelque petite aventure où la fête, faisant le pont d'une rive annuelle à une autre, était mise en scène, le plus souvent avec Grand-Père Gel, mais aussi avec pour élément principal de l'histoire, l'inévitable arbre du Nouvel An. Le sapin symbolisait alors l'arrivée de la nouvelle année, l'arbre cristallisant toute la féerie de cette période autour de lui et du vieil homme au dépend de l'imagerie chrétienne.

Nous vous invitons à poursuivre votre lecture sur la fiche biographique consacrée à Vladimir Suteev, l'auteur de ce magnifique film, dont la carrière croisa justement très souvent celle du réalisateur dudit Postier de neige, Leonid Amalrik.

Doublage
Voix françaises :
Vincent Davyle Postier de neige
Johanne Leveilléun enfant
Auteur : Captain Jack
Doublage : Captain Jack
Sources :
animator.ru
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Snegovik-pochtovik - Novogodnyaya skazka © Vladimir Suteev / Soyuzmultfilm
Fiche publiée le 20 décembre 2013 - Dernière modification le 20 mai 2015 - Lue 12570 fois