La Ferme des Animaux

Dans une ferme misérable mais autrefois florissante vivent des animaux qui sont opprimés par leur nouveau maître, M. Jones. Ce dernier est stupide, paresseux mais aussi alcoolique. N’en pouvant plus, les animaux décident de se réunir autour du vieux Major, un porc doté d’une grande sagesse qui sent sa mort arriver. Celui-ci exhorte ses compagnons à se révolter contre leur maître qui leur fait mener une terrible vie et qui les conduira ensuite à l’abattoir. En se libérant de son joug, tous seront libres. Après avoir fini son discours, le vieux Major décède devant l’assemblée évidemment attristée. Dès le lendemain, les cochons sont les premiers à appliquer ses conseils en rentrant dans la grange pour y voler de la nourriture. M. Jones les surprend et tente de les arrêter mais les animaux se ruent sur lui et le font déguerpir. Il revient alors avec d’autres fermiers pour se faire chasser une nouvelle fois. A partir de là, la ferme est laissée aux animaux qui la rebaptisent "Animalville" et qui décrètent des lois telles que "tous les animaux sont égaux". Si tout se passe bien au début (la ferme retrouvant même sa prospérité d'autrefois), la situation va hélas finir par dégénérer lorsque certaines bêtes vont vouloir s'accaparer le pouvoir. La loi précitée est alors changée en "tous les animaux sont égaux mais certains plus égaux que les autres"...

La Ferme des Animaux (ou Animal Farm en VO) est l’adaptation du livre éponyme de George Orwell publié en 1945 en Angleterre et 2 ans plus tard en France. Il s'agit d'une fable anthropomorphique doublée d’une satire sur le communisme. Ainsi, la révolte des animaux évoque la révolution russe (le fermier représentant le tsar Nicolas II chassé du trône) tandis que la prise de pouvoir par le cochon Napoléon (rebaptisé César en VF !) rappelle le Stalinisme. Le Trotskisme et le Léninisme sont aussi représentés au travers des animaux Major et Boule de Suif. Il faut savoir que George Orwell avait longtemps défendu le communisme avant d’être déçu par ses dérives et de le dénoncer. Pour autant, La Ferme des Animaux n’est pas qu’une œuvre de propagande car sa portée est universelle et pourrait s’appliquer à n’importe quelle révolution.

Le film a la particularité d’être la première œuvre animée britannique sortie sur les écrans (et le 2ème film d’animation local après Handling Ships qui n’est pas sorti au cinéma). Mais surtout, c’est le tout premier dessin animé qui ne soit pas destiné qu’aux enfants. D’ailleurs ceux-ci ne peuvent pas comprendre le sous-texte à moins qu’un adulte ne le leur explique. De plus, les couleurs sont sombres et certaines scènes volontairement effrayantes. Certaines furent d’ailleurs jugées très violentes pour l’époque, si bien que pendant 5 ans le film fut interdit aux moins de 18 ans (ce qui fait sourire de nos jours étant donné qu’on n’aperçoit aucune goutte de sang !) Pourtant, la fin du film avait largement édulcoré celle du livre. Certaines personnes avaient même parlé de trahison tant elle est différente. D’autres affirmaient au contraire que la chute du Stalinisme (Staline est décédé un an avant la sortie du film) rendait cette fin conforme à la réalité. Il fut en tout cas prouvé que c’était la CIA, qui avait financé discrètement le film, qui avait suggéré cette fin !

Alors qu’il a vraisemblablement été doublé dans les années 50 ou 60, le film n’a pas été exploité avant les années 80 ! Apparemment, c’est parce que le film a été jugé anti-communiste qu’il n'a pas été exploité en France pendant si longtemps. En 1994, il a bénéficié d'une diffusion au cinéma puis à nouveau en 2012 dans une version restaurée.
A noter l'existence d'un téléfilm américain de 1999 et d'une adaptation en bande dessinée scénarisée par le grand Jean Giraud/Moebius (avec des dessins de Marc Batti).