Mai Mai Miracle

En 1955, au Japon, Shinko est une petite fille de 9 ans au look de garçon manqué qui vit à la campagne. Etant une grande rêveuse, Shinko adore imaginer comment était la vie il y a mille ans, sachant que c’est à cette époque que sa famille s’est implantée dans la région où elle vit, celle de Mitajiri (qui s’appelait à l’époque province de Suô). C’est ainsi qu’en se basant sur les histoires que lui a racontées son grand-père, elle arrive à réellement visualiser la vie d’une princesse de son âge, Nagiko Kiyohara, pendant la période Heian (qui a eu lieu de 794 à 1185). Un jour, une nouvelle élève venue de la capitale, Tôkyô, intègre sa classe. Prénommée Kiiko, la nouvelle venue est assez timide et vient d’une famille assez aisée, ce qui ne l’empêche pas de vite se lier d’amitié avec Shinko, qui vit de manière plus modeste. Evidemment, cette dernière va parler à Kiiko de son étrange habitude d’imaginer et de visualiser comment était la vie d’il y a mille ans (ce que Shinko appelle la "magie millénaire") et va la convaincre de s’y mettre à son tour. Cela les mènera toutes les deux à vivre des aventures très amusantes mais hélas la dure réalité ne manquera pas de les rattraper par moments...

Ce film est la deuxième réalisation de Sunao Kutabochi après Princess Arete (2001), œuvre sortie en 2017 en France et que l'on ne pouvait visionner jusque là que dans des conventions, selon le souhait de son réalisateur. Il est adapté d’un roman autobiographique, Mai Mai Shinko, écrit par Nobuko Takagi et paru en 2004. Le film fait beaucoup penser aux longs-métrages du studio Ghibli, et pour cause puisque Sunao Kutabochi y a travaillé comme intervalliste puis comme assistant-réalisateur de Hayao Miyazaki sur Kiki la petite sorcière. L’histoire fait d’ailleurs un peu penser à Mon voisin Totoro mais sans l’aspect fantastique. En effet, le travail de Sunao Kutabochi se rapprocherait plutôt de celui de Isao Takahata et en particulier sur la série Anne… la maison aux pignons verts (où l’héroïne était elle aussi dotée d’une très grande imagination) ou encore sur le film Omoide Poroporo (pour la manière très détaillée qui nous est montrée de la vie japonaise et rurale d’il y a plusieurs décennies). Le réalisateur ne cache d’ailleurs pas qu’il a été fortement influencé dans sa carrière par la série Heidi (réalisée par Takahata justement !)

Le film n’est heureusement pas qu’une copie d’un film Ghibli et trouve son originalité dans la façon dont le réalisateur - au travers de plusieurs épisodes marquants - jongle avec les axes temporels pour nous démontrer que, au fond, les enfants vivaient il y a cinquante ans comme il y a mille ans, car ils ont toujours la même innocence et la même imagination.

Mai Mai Miracle (dont le titre fait référence à la mèche rebelle de Shinko – "mai mai" signifiant "épi" en japonais – que la petite fille pense être à l’origine de son "pouvoir") a remporté un franc succès critique mais n’a encore permis à Sunao Kutabochi de se faire connaître du grand public. Gageons que cela arrivera bientôt...