Fiche technique
Nom original | Titan AE |
Origine | Etats Unis |
Année de production | 2000 |
Production | 20th Century Fox, Blue Sky Studios |
Durée | 94 minutes |
Auteur | Hans Bauer, Randall McCormick |
Réalisation | Don Bluth, Gary Goldman, Art Vitello (scènes additionnelles) |
Production | David Kirshner, Gary Goldman, Don Bluth |
Producteur exécutif | Paul Gertz |
Scénarii | Ben Edlund, John August, Joss Whedon |
Story-boards | Joe Ekers, David Lux, Gabor Tom Steisinger, Hans Tucker, Michael G. Ploog, Andy Friend |
Chara-Design | Wayne Barlowe, Louise Zingarelli |
Direction de l'animation | Troy Saliba, Len Simon, Renato Dos Anjos, Robert Fox, John Hill, Edison Concalves, Paul Newberry, Paul J. Kelly |
Direction artistique | Kenneth Valentine Slevin |
Montage | Fiona Trayler, Bob Bender |
Musiques | Graeme Revell |
Adaptation française | Thomas Murat |
Direction de doublage | Perrette Pradier |
| » Staff étendu |
Diffusions
Arrivée en France (cinéma) | 18 octobre 2000 |
1ère diffusion hertzienne | 4 juin 2002 (Canal+) |
Rediffusions | Du 8 au 22 juin 2002 (Canal+) |
Synopsis
Dans un futur où l’homme a conquis l’espace et pris contact avec des aliens de toutes sortes, la Terre est menacée de destruction par les Drej, une race extra-terrestre vindicative et constituée d’énergie pure, ayant pour but d‘anéantir l‘espèce humaine. Alors que les habitants évacuent la planète, le professeur Sam Tucker s’enfuit avec un mystérieux vaisseau, laissant à son jeune fils, Cale, un anneau. Tandis qu’il quitte la Terre en compagnie de Tek, son nouveau tuteur, l’enfant assiste au départ de son père puis à la destruction de sa planète...
Quinze années ont passé. Les humains ayant survécu ne sont plus qu’une poignée. Cale est désormais un jeune adulte au tempérament rebelle travaillant comme ouvrier dans une station orbitale. Il rencontre le commandant Joseph Korso, qui lui révèle que son père était à la tête du Projet Titan dont le but, à travers un immense vaisseau nommé justement Titan (celui dans lequel Cale a vu partir son père), est de sauvegarder l’histoire terrienne et surtout de créer une nouvelle Terre ! L’anneau que lui a donné son père est en fait un stockage de données avec une carte holographique donnant la position du Titan.
Korso souhaite que Cale intègre son équipage, constitué de Preed, un alien raffiné et retors, Gune, un navigateur un peu fou, Stith, une mécanicienne râleuse, et d’Akima, une jeune humaine ayant grandi dans des colonies terriennes défavorisées.
Le jeune homme se lance alors dans une course contre la montre afin d’arriver au vaisseau avant les Drej, qui ont l’intention d’éradiquer ce qui reste de l’humanité, et sont d’ores et déjà au trousses de Cale et de l'anneau…
Commentaires
Bien avant d’échoir à Don Bluth, dont ce sera le dernier long-métrage, le projet de Titan A.E. devait être au départ un film live de science-fiction afin que la 20th Century Fox capitalise sur le succès de la ressortie en salles de la trilogie Star Wars. Initialement nommé Planet Ice, le projet est devenu un film d’animation confié en 1998 à l’artiste Art Vitello qui voulait un récit au ton plus réaliste. D'ailleurs, le staff comptait alors le dessinateur français Yacine Elghorri, qui travailla sur le story-board avant que le projet ne soit repris en catastrophe par Bluth et Gary Goldman et que l’équipe ne soit remplacée (mais Yacine est cependant toujours crédité au générique comme artiste concepteur). En effet, une année entière de pré-production s’était écoulée sans que le moindre script n’ait émergé ou que le moindre design n’ait été approuvé : 30 millions de dollars ont été ainsi dépensés sans aucune image filmée à l’arrivée. Sachant que leur refus conduirait à la fermeture de la Fox Animation Studios, Bluth et Goldman se sont retrouvés à la tête d’un film qu’ils doivent achever en 19 mois avec un budget amputé de 30 millions et devant inclure des effets spéciaux en images de synthèse.
Titan A.E. (initiales de "After Earth", qui signifie "Après Terre", donnant un aspect biblique au récit) constitue le premier film de science-fiction de Don Bluth, bien qu’il s’était déjà essayé au genre avec le jeu vidéo Space Ace (qui reprend le même concept qu'un autre jeu, plus connu, Dragon’s Lair). Le réalisateur laisse donc libre court à son imagination afin de rendre crédible l’univers du film et mélange l’animation traditionnelle pour les personnages et les décors intérieurs avec l’animation en images de synthèse pour les vaisseaux spatiaux, les Drej, les décors intersidéraux et certaines séquences comme la poursuite dans les champs de cristaux, avec un résultat plus plaisant et maitrisé que dans Anastasia et Poucelina (où l’on sentait que le réalisateur expérimentait la technique de l’animation par ordinateur).
Alors que la Fox commence déjà à licencier du personnel à cause du retard accumulé, l’équipe doit sous-traiter les séquences animées en 3D auprès d’une petite structure basée à New York appelée Blue Sky Studios, qui avait travaillé sur les effets spéciaux d’Alien, la résurrection (le quatrième opus de la saga) et qui deviendra par la suite un studio d’animation réputé.
L’histoire est également riche en rebondissements et en émotion, grâce aux trois protagonistes humains qui ont chacun une psychologie intéressante, ayant tous les trois grandi et forgé leurs personnalités suite à une horrible apocalypse (ce qui pourrait les rapprocher avec les personnages d’Evangelion), en l’occurrence la destruction de la Terre. Cale, par exemple, qui a assisté enfant à la destruction de sa planète et au départ de son père, garde une rancœur envers ce dernier et tend à afficher une attitude détachée vis-à-vis de la Terre afin de cacher sa douleur intérieure.
Malheureusement, cette thématique n’est pas explorée jusqu’au bout et est parfois contrebalancée par un aspect enfantin, à travers le personnage de Gune notamment, ce qui fait qu’on ne sait pas toujours quel public est visé exactement. Il faut savoir que la production a souvent été retardée par les interventions des exécutifs de la Fox qui s’interrogeaient sur de nombreux éléments du scénario, comme les motivations de tel personnage, sur telle idée jugée étrange, etc. Les projections test auprès d’un public d’adolescents ne furent pas concluantes et Bill Mechanic, le producteur à l’origine du film, se retrouva sur la sellette : son fait d’armes précédent pour David Fincher, Fight Club, lui avait valu de se retrouver dans le viseur de Rupert Murdoch, le propriétaire de la Fox, qui avait copieusement détesté le film. Avec ses premiers retours mitigés, Titan A.E. devint aux yeux de la firme le prétexte pour licencier Mechanic peu de temps après la conférence de presse.
Considéré par la Fox comme un mauvais investissement, le film ne bénéficia d’aucune promotion à sa hauteur et la Fox Animation Studios ferma ses portes quelques jours avant même la sortie en salles. Titan A.E. sortit en 2000, présenté comme un grand film d’anticipation avec un casting de stars importantes : Bill Pullman (Korso), Drew Barrymore (Akima), John Leguizamo (Gune) et Matt Damon (Cale)… d’ailleurs, dans la version française, c’est Damien Boisseau qui prête sa voix au héros, "retrouvant" donc Matt Damon, dont il est la voix française habituelle.
Peine perdue, le film fut un cuisant échec au box-office, ce qui entraîna aussitôt l’annulation de l’adaptation vidéoludique prévue sur Playstation (celle-ci était même annoncée dans le générique de fin) ; seule une démo jouable est disponible sur le web. Et la fin de la branche animation de la Fox – active depuis les années 90 – marqua également la fin de l’animation 2D pour la firme. Son projet suivant, L’Âge de Glace, sera ainsi confié à Blue Sky et réalisé entièrement en 3D, alors qu’il était pourtant question de le réaliser en animation traditionnelle sous la direction de Don Bluth.
Titan A.E. est un film méconnu qui regorge pourtant de qualités, et est particulièrement divertissant. À l’heure actuelle, Don Bluth donne des cours d’animation mais souhaite réaliser un nouveau film malgré le refus des producteurs de plus en plus méfiants envers l’animation traditionnelle. Il faut espérer que ce grand réalisateur parvienne à s’associer à un projet sérieux.
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Sources :
Don Bluth, Somewhere Out There : My Animated Life, Benbella Books, 2022.
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