Fantasia 2000

Reprenant le concept de Fantasia, cette suite nous entraine dans une succession de petits films d'animation, parfois sans paroles, au son de musiques classiques (voire plus contemporaines) :

Symphonie n°5, de Ludwig van Beethoven : Une animation abstraite autour d'un oiseau de papier et son enfant tentant d'échapper à une vague d'autres d'oiseaux en papier plus vindicatifs...

Les Pins de Rome, d'Ottorino Respighi : Dans un océan de glace, une famille de baleines nagent paisiblement jusqu'à ce que l'enfant se perde dans les glaciers. Après qu'il ont été retrouvés, ils s'envolent littéralement dans les airs avec leurs congénères vers une nouvelle surface...

Rhapsody in Blue, de George Gershwyn : Le quotidien d'un musicien de jazz s'ennuyant de son travail d'ouvrier de chantier, d'un homme dépressif au chômage, d'une petite-fille riche délaissée par ses parents et d'un bourgeois ayant gardé son âme d'enfant mais qui se fait sans cesse houspiller par son épouse. Ils oublient les tourments de la vie à travers le rêve, l'espoir, et la musique...

Concerto pour Piano n°2, de Dmitri Chostakovitch : L'adaptation du célèbre conte Le Petit Soldat de Plomb de Hans Christian Anderson réalisée par les studios Disney, où la romance entre un soldat et une danseuse menacée par un diable en boite...

Le Carnaval des Animaux, de Camille Saint-Saëns : La promenade matinale d'un groupe de flamands roses droits et gracieux est interrompue par la bêtise de l'un d’entre eux s'amusant avec un yoyo...

L'Apprenti Sorcier, de Paul Dukas : Le retour de la célèbre séquence du premier film dans laquelle Mickey revêt le chapeau de son maître magicien et donne vie à un balai afin qu'il fasse des corvées à sa place. Mais le pouvoir échappe très vite à la souris et il perd le contrôle de la situation face à une armée de balais...

Pomp and Circumstance, de Sir Edward Elgar : L'histoire de l'Arche de Noé revisitée avec Donald et Daisy Duck qui doivent rassembler les animaux dans l'Arche avant l'arrivée imminente du déluge...

L'Oiseau de Feu, d'Igor Stravinsky : L'hiver prend fin. Un elfe esprit de la Forêt, sous les traits d'une jeune fille, s'empresse de redonner vie à la faune et la flore. Mais en allant dans le cratère d'un volcan qui semble immunisé contre le pouvoir de l'elfe, celui-ci réveille un immense Oiseau de Feu, provoquant sa colère. Le monstre s'attaque à la forêt qui est bientôt détruite et ravagée par le feu et la lave, ne laissant plus qu'un tas de cendres sans que l'elfe ne puisse intervenir ou échapper aux griffes de l'oiseau. Mais grâce à sa détermination et son ami cerf, elle fera en sorte que la nature reprenne ses droits et que la forêt resplendisse à nouveau...

L’idée de donner suite à Fantasia avait germé dans l’esprit de Walt Disney dès la conception du premier film dans un projet allant bien au-delà d’une simple suite : chaque année devait sortir un nouveau film reprenant le concept de l’original avec des séquences inédites couplées avec des séquences du film précédent.

Ce projet fut rapidement abandonné en raison de la guerre et du faible succès du premier film à l’époque. Il faudra attendre les années 80 pour qu’un projet de suite voit le jour sous l’égide de Mel Shaw et du réalisateur Wolfgang Reitherman.
Shaw avait réalisé plusieurs dessins et croquis avec différentes idées de scénario, dont une adaptation de L’empereur et le Rossignol de Hans Christian Andersen avec Mickey, une chanson de Louis Armstrong avec des grenouilles sur des nénuphars dans le sud des États-Unis, ou encore un combat titanesque de dieux en Scandinavie. Si le film-démo que réalisa Mel Shaw avec ses dessins et ses idées plurent à la plupart des employés, le projet ne vit finalement jamais le jour en raison de la réticence des pontes.

Il faudra attendre la fin des années 90 pour qu’une suite voit finalement le jour, nommée Fantasia 2000 en raison évidemment du passage dans le nouveau millénaire.

De l’aveu des producteurs, certains sketchs font référence à certains du précédent film. Ainsi, la Symphonie n°5 ouvrant le film est une succession de dessins abstraits sans réel fond narratif (quoique la poursuite entre les oiseaux de papiers peut être considérée comme une mini-histoire) comme l’était La Toccata en Fugue en Ré-Mineur du premier film tandis que Le Carnaval des Animaux est un équivalent à La Danse des Heures. D’ailleurs, chose intéressante, les deux segments ont été écrits par Joe Grant, 60 ans après le premier film, ce qui fait de lui la seule personne à avoir travaillé sur les deux films. Le point de départ du Carnaval des Animaux vient même d’une idée que Grant a eu en 1940.

Le film permet aux auteurs d’exploiter différentes techniques visuelles et d’animation, comme le mélange de personnages 2D aux images de synthèse (Les Pins de Rome, Concerto pour Piano), les décors peints et les personnages en aquarelle (Le Carnaval des Animaux), mais également différents designs. Ainsi, Rhapsody in Blue est un hommage avoué au style graphique d’Al Hirschfeld, célèbre caricaturiste de stars de Broadway et son trait unique. Le dessinateur éprouva d’ailleurs beaucoup d’émotions en voyant le sketch, le considérant comme le meilleur cadeau d’anniversaire qu’il ait reçu.

Graphiquement, le film est superbe, déborde d’idées de mise en scène et de délires graphiques, avec une mention spéciale pour Rhapsody in Blue et la dernière partie, L’Oiseau de Feu, qui est un véritable bijou, magnifiquement réalisé et animé (on doit l’animation du personnage-titre à John Pomeroy, l’un des deux illustres collaborateurs de Don Bluth).

Et comme le voulait Walt Disney, on retrouve un sketch du premier film, en l’occurrence le célèbre Apprenti Sorcier avec Mickey. On devait aussi retrouver le segment Casse-noisette, mais il fut remplacé par Rhapsody in Blue (qui, à l’origine, devait être un court-métrage indépendant, ce qui explique que c'est Bruce Broughton, et non James Levine comme dans les autres sketchs, qui dirige la musique de cette partie).

De nombreuses stars interviennent dans le film afin de présenter et commenter les sketchs, comme le faisait Deems Taylor dans le premier film. De plus, on revoit la célèbre scène du premier film où Mickey et Leopold Stokowski se serrent la main après L’Apprenti Sorcier et qui enchaine sur un intermède inédit montrant Mickey discuter avec James Levine et Stokowski en arrière plan, liant subtilement les deux films 60 ans après. On notera également une apparition de Deems Taylor ouvrant le film avec des images du premier film (sa voix peut d'ailleurs être entendue dans le film alors qu'il s'est fait entièrement redoublé par Corey Burton dans le premier film).

Mais le film n’est pas exempt de défauts, certains sketchs durent à peine trois minutes (alors que dans le film original, certains dépassaient les vingt) et l’humour de certaines célébrités dans les intermèdes fait parfois grincer des dents.

Malgré tout, Fantasia 2000 eu un joli succès au box-office, les critiques se montrant particulièrement enthousiastes sur certains sketchs bien qu'elles trouvèrent certaines parties du film inconsistantes.

Grâce au succès du film, une tentative de suite fut validée par Disney quelques années plus tard, intitulée Fantasia 2006, mais elle fut finalement abandonnée. Le projet comprenait une adaptation de La Petite Fille aux Allumettes d’Anderson (qu'on retrouvera en bonus sur les DVD et Blu-ray de la Petite Sirène), One by One (en bonus avec le Roi Lion 2), Destino, un projet de court-métrage expérimental sans histoire basé sur la collaboration annulée de Disney et Salvador Dali (finalement réalisé en 2003 et inclus dans les bonus du Blu-Ray de Fantasia 2000) et enfin Lorenzo, diffusé au cinéma et présent dans la compilation de courts métrages Walt Disney Animation Short Films Collection...

Précisons pour finir que la récente édition Blu-Ray est dédiée à Roy E. Disney, décédé un an avant sa sortie. Celui-ci prit plaisir à participer au film et ainsi rendre hommage au rêve enfin réalisé de son oncle Walt.