L'Île Fantastique de Daffy Duck

Coincés sur une île déserte, Daffy Duck et Speedy Gonzales assistent à un combat naval entre la flotte dirigée par Bugs Bunny et celle commandée par Sam le Pirate (assisté par Taz). Après la défaite de Sam, Daffy et Speedy tombent sur une carte appartenant au pirate et qui donne à Daffy le pouvoir de se faire obéir d'un étrange génie vivant dans un puits magique, qui permet de matérialiser les désirs de son maître.

Grâce au génie, Daffy transforme l'endroit en un lieu paradisiaque et attire les touristes en leur permettant de demander au génie d'exaucer un vœu contre la somme de 500 dollars ! C'est ainsi que divers personnages hauts en couleur débarquent sur l'île, tels que Sylvestre le Chat alias Grosminet et son épouse, Charlie Le Coq, Pépé le Putois, Porky Pig et bien d'autres. Mais Sam et son acolyte Taz sont sur la piste de la carte...

Cette quatrième compilation cinématographique des cartoons des Looney Tunes est la dernière réalisée par Fritz Freleng (qui avait déjà signé les deux précédentes, sorties en 1981 et 1982). Comme son nom l'indique clairement, l'histoire servant de fil conducteur entre les divers cartoons repris ici est une parodie de la série télévisée américaine L'Île Fantastique, qui présente également une île paradisiaque pouvant réaliser des souhaits, tenue par un dénommé Roarke secondé par le nain Tattoo (dont les rôles sont "repris" par Daffy Duck et Speedy Gonzales dans ce film).
Si le postulat pouvait être séduisant sur le papier, proposant un prétexte adéquat pour présenter plusieurs histoires, le résultat s'avère assez bancal dans l'exécution, la mise en scène mettant maladroitement le doute sur les pouvoirs du puits : si on admet que les fantasmes des visiteurs de l'île (autrement dit, les histoires des cartoons) deviennent vraiment réalité par l'intervention du génie, les allers-retours que les personnages font entre les lieux des cartoons et l'île deviennent assez incompréhensibles et on vient presque à se demander s'il n'y a pas une part d'illusion dans tout ça ! La qualité technique des nouvelles séquences est également quelque peu décevante.

Ce quatrième film est aussi le premier à mettre en scène Daffy Duck comme personnage principal (même s'il était déjà très présent dans le précédent), au détriment de Bugs Bunny qui est réduit au statut de personnage secondaire et qui n'a au final aucune scène crée spécialement pour ce film, ses apparitions ayant toutes été reprises d'anciens cartoons ! La compilation suivante continuera sur une voie similaire.

Le film est semble-t-il arrivé chez nous directement en vidéo et uniquement en VHS pour l'heure. Une sortie en DVD avait été annoncée pour le 19 novembre 2014 mais a visiblement été annulée par l'éditeur. Il sera finalement proposé au sein du coffret DVD "Warner 100 ans - Looney Tunes : Collection 10 Films" sorti le 4 octobre 2023. La chaîne canadienne Télétoon le diffuse également régulièrement.

Si le doublage français reprend Guy Piérauld sur Bugs Bunny et Claude Joseph sur Sam et, entres autres, Charlie le Coq, les autres personnages habituels ont d'autres voix qu'à l'accoutumée. On sera surpris de constater la présence d'Arlette Thomas mais pas sur ses rôles habituels, comme Titi et Miss Prissy en l'occurrence (à noter que Titi est repris par Françoise Dasque qui n'est autre que la fille d'Arlette Thomas !). Emmanuel Jacomy n'a également curieusement pas retrouvé ses rôles importants du deuxième film qui sont tous repris par Philippe Peythieu (qui deviendra plus tard ironiquement l'une des voix d'Hector, ennemi juré de Sylvestre). Sur Daffy Duck, Jacomy offre une prestation assez proche de Patrick Guillemin (deuxième voix régulière du personnage après Pierre Trabaud), ce qui n'est sans doute pas un hasard car le comédien avait également prêté sa voix au même personnage dans Gremlins 2, la nouvelle génération mais uniquement sur une réplique, le rôle étant autrement doublé par Guillemin ! Notons aussi que Jacomy sera plus tard la voix française de Superman dans nombre de ses apparitions animées, ce qui rend particulièrement savoureux le fait de l'entendre doubler ici une parodie de l'Homme d'Acier (dans les scènes reprises de Stupor Duck) !

Le générique de fin précise que le film est dédié à John Dunn (scénariste et animateur décédé quelques mois avant la sortie du long-métrage) et qu'il aurait été inspiré par lui.