Gustave

Fiche technique
Nom originalGusztáv
OrigineHongrie
Année de production1964-68 / 1975-77
ProductionPannónia Film, Magyar Television
Nombre d'épisodes68 + 52 épisodes x 5 minutes (3 + 2 saisons)
AuteurAttila Dargay, Marcell Jankovics, József Nepp
RéalisationAttila Dargay 15 + 0 épisodes, Marcell Jankovics 17 + 24 épisodes, Gyula Macskássy 4 + 0 épisodes, József Nepp 21 + 11 épisodes, Lajos Remenyik 3 + 0 épisodes, Tamás Szabó Sipos 1+ 0 épisode, Miklós Temesi 7 + 0 épisodes, Andrew Szemenyei 0 + 3 épisodes, ...
ScénariiIstván Bélai 2 + 1 épisodes, Attila Dargay 35 + 0 épisodes, Jozsef Gémes 1 + 0 épisode, Marcell Jankovics 34 + 28 épisodes, Attila Kristóf 1 + 1 épisodes, Gyula Macskássy 1 + 0 épisode, János Mata 1 + 0 épisode, József Nepp 50 + 40 épisodes, Lajos Remenyik 1 + 0 épisode, Tamás Szabó Sipos 1 + 0 épisode, Miklós Temesi 6 + 0 épisodes, György Várnai 3 + 1 épisodes, ...
Direction de la productionOlga Auguszt, Miklós Bártfai, Judit Doroghy, Jozsef Gémes, István Imre, Andor László, Emõke Marsovszky, Ferenc Mikulás, Miklós Salusinszky
Direction du sonPéter Bársony, István Bélai, Domonkos Horváth, András Nyerges
DécorsMàrta Csik sur nombre d'épisodes, György Csonka, Amaya C. Guzman, Zoltán Herpai, Ilona Kiss, Zsolt Lengyel, István Orosz, Lajos Pomázi, Gabriella Szálas sur nombre d'épisodes, Péter Szoboszlay sur nombre d'épisodes
CouleursGéza Dobrányi, Irén Kun
MontageJános Czipauer
Direction photographieLászló Cselle, Attila Csepela, Irén Henrik, Frigyes Janotyik, Klári Kassai, András Klausz, Judit Körmöci, Árpád Lossonczy, Csaba Nagy, Mária Neményi, Sándor Polyák, Ida Székely
MusiquesTamás Deák, Béla Kovács, Zsolt Pethő
 
» Staff étendu
Diffusions
1ère diffusion hertzienne1er janvier 1969 (ORTF 2ème chaine)
Rediffusionsmai 1970 (ORTF 2ème chaine)
Editions
Sortie en VHS? (RCA)
Synopsis

Gustave, un homme comme un autre, et donc avec toutes les imperfections qu'un être humain possède, vit sa vie de tous les jours en tentant de résoudre les problèmes qui se présentent à lui ou les éventuelles situations dérangeantes qu'il peut lui même provoquer, qu'il soit seul, en famille ou encore sur son lieu de travail. Tout le long de ses aventures de citadin, on le voit sûr de lui et présomptueux, sournois, méchant et quelque peu agressif, voire tricheur et de rares fois tout de même quelque peu attentionné et désirant apporter son aide à autrui, ainsi que dépressif... Bref, tout un éventail de qualités pour cet homme qui n'a que deux cheveux sur la tête, celle-ci étant souvent couverte par son chapeau rond...

Commentaires

Il est quelque peu difficile de définir vraiment ce qu'est cette série s'adressant aux adultes et aux adolescents. Sans parole, elle joue avant tout et avec joie sur la satire sociale, allant d'un humour léger au délire total, et cela avec une grande régularité tout le long de sa production. Il est encore un peu plus complexe de faire un portrait de son « héros » tant celui-ci, s'il est censé être un seul et même personnage, endosse dans sa généralité divers caractères et personnalités, vit parfois seul ou en couple, et vaque à de multiples activités. Les saisons 4 et 5 (1975-77) le présentent toutefois dans un monde un peu plus stable comme étant en certains épisodes un employé de la compagnie Impex (avec la présence à chaque fois des mêmes autres employés et directeur) ou de la société LGT (peut-être un clin d’œil au groupe de rock hongrois Locomotiv GT), et l'on aperçoit à l'occasion Gustave en compagnie de son épouse aux formes très arrondis, au volant de son automobile rouge, ou allant au supermarché ABC, les décors y étant eux beaucoup plus fouillés et les couleurs bien plus présentes.
Tout cela – de ses diverses identités – apparaît d'un épisode à l'autre, chaque courte aventure n'ayant aucun lien avec la précédente ou la suivante (toutefois, on remarque parfois, quelques échos à certaines situations ou gags déjà développés), le propos étant de mettre en scène un homme – représenté par ce Gustave – dans des situations permettant de révéler certaines affections (dans le sens médical du terme) de la société moderne et les multiples vicissitudes qu'elle peut produire, et ce en passant par le milieu urbain. Ainsi un questionnement peut éventuellement se faire jour quant à savoir ce qu'est un être humain et s'il ne peut l'être qu'en présence de son environnement qui lui est propre.

La malléabilité de ce personnage, dont on peut trouver un peu d'essence de monsieur Hulot de Jacques Tati ou de Mr Bean de Rowan Atkinson bien que ceux-ci soient tout de même très différents, permet ainsi de le mettre dans une multitude de situations ou d'identités, tout en conservant une certaine cohérence et l'on peut le voir encore dans quelques trois épisodes atteindre l'âge d'une grande vieillesse, ou être un patron d'entreprise – rôle qui lui va tel un costume que l'on porte à la vue de tous et que l'on quitte pour être soi... – et père de quatre enfants dans le 71ème épisode « Gusztáv két arca » (1975) avec toujours son épouse déjà apparue dans plusieurs histoires précédentes, et où on le voit sans ledit costume dans le plus simple appareil. On peut aussi voir deux de ses enfants plus jeunes dans l'épisode « Gusztáv olvasna » produit en 1976 et dont l'histoire le met en scène désirant lire son journal tranquillement et commençant à déplacer son fauteuil d'une pièce à l'autre dans sa maison pour échapper aux bruits alentour, puis à l'extérieur, ce pour finir par atteindre avec une barque une île déserte – sur le célèbre mouvement « Allegro con fuoco » de la Symphonie n°9 « du Nouveau monde » d'Antonín Dvorák – où il apprendra alors en lisant le journal avec la tranquillité obtenue que le lieu qu'il vient d'atteindre a été choisi le jour même pour un essai aérien d'une bombe H et, levant les yeux au ciel, il voit apparaître la silhouette d'un bombardier passant au dessus de l'île... (référence sans nul doute aux essais aériens français à Mururoa et Fangataufa entre 1966 et 1974).

Certaines idées et gags sont poussés à l'extrême – signifiant à la fois une détermination sans faille et une faille dans cette détermination – comme lorsque Gustave fait une tache d'encre noir sur son bureau et qu'il tente de l'enlever ne faisant qu'élargir la tache à tel point qu'il se décide à repeindre tout en noir le meuble, non s'en faire quelques autres taches à côtés qu'il nettoiera avec le même résultat et ce jusqu'à repeindre le moindre espace de son appartement qu'il quitte alors en faisant quelques taches à l'extérieur, et de s'activer encore jusqu'à ce que Budapest toute entière soit noyée dans l'obscurité (100ème épisode, « Gusztáv mázol », 1977, écrit par József Nepp et Bela Ternovszky faisant peut-être ici référence aux taches du passé du pays, celui-ci ayant été lié aux forces de l'Axe). Cet extrême se retrouve encore quand Gustave fait un complexe d'infériorité et qu'il se décide à consulter un docteur (le personnage en question est le Dr Bubó – docteur Hibou – issu de la série d'animation hongroise Kérem a következot! créée en 1973 par József Nepp et s'adressant au même public que Gustave). Le spécialiste des troubles du comportement lui donne alors une paire de lunettes qui va de suite lui procurer une toute autre vision du monde et surtout des êtres qui l'entoure au point d'en devenir hilare, le final de l'épisode faisant s'étendre à toute la planète cette hilarité qu'il est difficile aux téléspectateurs portant ou n'ayant pas de lunettes de ne pas partager (72ème épisode, « Gusztáv komplexusa », 1976, écrit par József Nepp et Marcell Jankovics). Gustave commencera même à devenir une créature aquatique à cause d'une fuite d'eau dans sa salle de bain. Le plombier tardant à venir, l'élément liquide envahit toute la maison du sol au plafond, mais Gustave persiste à vivre chez lui, quitte à se vêtir en homme-grenouille et invité en sa demeure une sirène (85ème épisode, « Gusztáv halogat », 1976, écrit par József Nepp). Il commencera même à se transformer en serpent après avoir acheté un représentant de cette espèce comme animal de compagnie (83ème épisode, « Gusztáv kígyója », 1976, écrit par József Nepp et Marcell Jankovics). L'extrême est encore en plusieurs autres épisodes comme lorsque Gustave décide de ne plus sortir de chez lui et de vivre en autarcie, épisode dont la partition musicale rappelle sur quelques portées un peu de celles de Lupin III de Yûji Ôno (78ème épisode, « Gusztáv önellátó » / « Gusztáv, a liftszerel? », 1977, écrit par József Nepp et Bela Ternovszky).

Gustave se retrouve aussi littéralement face à lui-même à quelques reprises : lorsqu'il passe son permis de conduire et achète de suite une automobile qu'il conduira avec imprudence jusqu'à renverser un piéton qui lui ressemble beaucoup puisque c'est lui, alors piéton encore au début de l'épisode (107ème épisode, « Gusztáv közlekedik », 1977, écrit par Attila Kristóf et József Nepp), ou lorsque désirant se marier et ne parvenant pas à apprécier celles qu'il invite à sortir avec lui, il consulte un ordinateur qui, avec les données fournis, lui imprime en une photo le portrait de la personne qui lui convient le mieux, son visage apparaissant alors sur ladite photo (75ème épisode, « Gusztáv párt választ », 1976, écrit par István Kovács), ou encore lorsqu'il est entraineur d'une équipe de football à laquelle il donne un drôle d'enseignement laissant de côté le bon comportement sur le terrain et qui lors d'un match rencontre une autre équipe dont les joueurs sont vêtus de maintes manières tel un samouraï, un joueur de hockey ou un chevalier du Moyen-Age dans une armure, l'entraineur de cette troupe n'étant qu'un double de lui-même (105ème épisode, « Gusztáv és a két edzo », 1977, écrit par István Kovács).
Le temps d'un autre épisode, on retrouve Gustave enfant – qui n'en fait qu'à sa tête – avec un comportement jugé inapproprié jusqu'à ce qu'on lui dise ce qu'il est convenable de faire. A partir de là, le jeune garçon qu'il est s'emploie à écouter à la lettre ce qui est admis dans la société, cela le conduisant devenu adulte à devenir soldat et à participer à une guerre. Mais quand il se trouve face à l'ennemi, celui-ci lui fait savoir que l'ennemi est du côté d'où il vient, Gustave chargeant alors son supérieur (120ème épisode, « Gusztáv ingatag », 1977, écrit par József Nepp et Bela Ternovszky). Cette histoire souligne à la fois l'absurdité qu'il peut y avoir dans l'éducation, celle-ci pouvant être un véhicule conduisant à l'absurdité de la guerre.

Si une certaine critique de la société est très présente tout le long de la série avec une grande dose d'ironie que saupoudre József Nepp au travers des travers de Gustave, peut-être plus appuyée encore en 1975-77, nombre d'épisodes ne véhiculent pas d'idée particulière, du moins en apparence, si ce n'est d'amuser en jouant avec la personnalité caricaturale de Gustave où se mêle la bêtise de ce dernier alimentée par sa naturelle obstination, ce qui fait écho à l'extrême évoqué plus haut. A cet égard, l'épisode « Gustave sait mieux » / « Gusztáv jobban tudja » écrit par le trio Nepp-Dargay-Jankovics, diffusé le 25 août 1969 sur l'ORTF, et dont les images ornent la seconde partie de la galerie ci-contre en est un parfait exemple : Gustave arrive en retard à une répétition de musique au sein de l'orchestre où il est instrumentiste et semble s'amuser de cette situation, celle-ci n'étant toutefois pas du goût de l'homme à la baguette commençant à s'impatienter. Gustave s'installe donc avec son cor en main, l'instrument dont il joue au sein de la formation, et après avoir observé les alentours en direction d'une harpiste comme avec une longue vue, commence à souffler quelques sons ne s'accordant pas avec ceux harmonieux des autres musiciens. Après quelques arrêts et remontrances, Gustave n'étant toujours pas en accord avec la musique, le chef-d'orchestre commence à sortir de ses gonds, ses cheveux hérissés sur sa tête, celle-ci devenant même d'un rouge intense de colère. Pendant ce temps, Gustave persistant dans son jeu, les autres musiciens vaquent à quelques occupations comme de grignoter un sandwich pour un violoniste, faire du tricot pour la harpiste ou bien encore retrouver sa femme nue dans l'étui de son instrument pour le violoncelliste. Le duel entre Gustave et le chef-d'orchestre se poursuit alors pendant quelques jours dans la salle que personne n'a depuis quitté, le temps passant tellement que le violoniste s'est installé autour d'un feu de camp avec l'aide d'un joueur de basson, que la harpiste a terminé de tricoter un pull, et qu'un enfant a eu le temps de naître pour les amoureux du violoncelle. Enfin, totalement épuisés par ce terrible duel, Gustave et le chef-d'orchestre s'écroulent tout deux essoufflés de fatigue, le premier sur sa chaise et le second sur son pupitre quand, ce dernier aperçoit la partition de Gustave avec le nom de Mozart sur sa couverture alors que la répétition concernait le 1er mouvement du concerto pour cor n°2 (en ré mineur, Hob.VIId:4) de Joseph Haydn (le choix des compositeurs n'est pas anodin puisqu'ils furent amis et étaient chacun admiratif de l’œuvre de l'autre, Mozart ayant lui aussi composé des concertos pour cor, d'où l'erreur de Gustave qui s'obstine à essayer de jouer ce qui semble être le concerto n°4 de Mozart). Bien des détails encore pourraient être commentés comme celui de la mouche venant perturber Gustave dans son travail administratif et robotisé, quelques années avant le Brazil de Terry Gillian dans l'épisode « Gusztáv és a légy », ou ce que l'on pourrait considérer être des références au cinéma comme à Louis de Funès (L'Aile ou la cuisse dans « Gusztáv a balek ») et trouver un peu de l'esprit de Tex Avery en certaines autres situations absurdes...

La diffusion de Gustave débuta en France de manière isolée : le mercredi 1er janvier 1969 sur la 2ème chaîne de l'ORTF avec la programmation de deux épisodes. Puis c'est, étalés tout le long du mois d’août suivant, du lundi 4 au lundi 25, tous les soirs à 19h50, samedi et dimanche compris, que furent diffusés 22 autres courts-métrages de la série. Gustave revint quelques semaines à partir de mai 1970, le samedi, mêlant quelques rediffusions avec deux épisodes inédits. C'est donc 26 épisodes qui furent proposés aux téléspectateurs français – du moins ce sont les seuls référencés sur l'INA – alors que cette production en comptait déjà 68 sur les 120 qui seront produits de 1964 à 1977 (1ère saison, 1964-65, épisodes 1 à 24 / 2ème saison, 1966, épisodes 25 à 46 / 3ème saison, 1967-68, épisodes 47 à 68 / 4ème saison, 1975-76, épisodes 69 à 94 / 5ème saison, 1977, épisodes 95 à 120). Il existe également 26 autres épisodes issus de la première moitié de la même période de production 1964-68 ayant été titrés en français, mais ils ne semblent pas avoir été diffusés sur l'ORTF alors qu'il est possible qu'ils aient connu une distribution au Québec. Y aurait-il eu, bien que cela soit peu probable, un partage entre les deux télévisions ?
Ce sont ainsi des épisodes sélectionnés parmi les 68 couvrant les trois premières saisons que l'ORTF diffusa. On remarquera que les épisodes en questions – 14, 35, 38, 41, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54?, 55, 56, 59, 60?, 61, 63, 64, 65 – couvrent particulièrement la seconde moitié de cette première partie de la production (alors que pour le Québec, c'est la première moitié qui semble concernée), celle-ci montrant le personnage dans sa forme presque définitive quant à sa représentation graphique : de taille moyenne, avec de longs membres bien distincts par rapport à la tête et au tronc reliés sans que l'on distingue le cou, alors que les premiers courts-métrages (une vingtaine) le dessinait en un aspect plus cartoonesque avec un petit corps en forme d'obus, la tête et le tronc se joignant déjà sans cou apparent. Il est à préciser au sujet des épisodes desdites saisons des années 60 qu'ils furent produits en 1964-68 pour le format du grand écran et diffusés à la télévision hongroise en 1966 (1 à 38) et 1968 (39 à 68), les deux saisons de la décennie suivante ayant été réalisées pour la télévision en 1975-77 avec une diffusion allant de 1977 à 1979.
Quant à cette sélection des épisodes, s'il y eut bien seulement 26 d'entre eux diffusés sur la 2ème chaîne de l'ORTF, était-ce un choix de cette dernière (peut-être par rapport à la forme du personnage), ou était-ce un groupe d'épisodes déjà établi en amont pour être ainsi distribué ?
On peut également s'interroger si dix ans plus tard la seconde fournée d'épisodes a connu une diffusion en France malgré l'absence de sources allant en ce sens. Toutefois si l'on prend en compte quelques épisodes qui ont été édités dans l'Hexagone sur une VHS et qui, sans avoir connaissance de leur titre, font peut-être partie de cette seconde session, le visuel concernant Gustave sur la jaquette de la VHS semblant en être extrait (bien qu'après le visionnage des épisodes de la série, on ne le trouve pas), on pourrait penser, comme pour les autres productions accompagnant Gustave sur cette VHS et ayant été diffusées à la télévision française, qu'il en est de même pour ces épisodes de Gustave en cet enregistrement (ne possédant pas celui-ci, on ne peut que supposer).
On notera encore à propos de cet enregistrement publié dans les années 80 par RCA Video Distribution sous l'intitulé « Festival de dessins animés, volume 1 » que la série Gustave y était accompagnée par des épisodes issus d'autres séries d'animation comme celle également hongroise Pierrot et ses amis et d'autres de divers pays avec Filopat et Patafil (Allemagne), Les Bubblies (Royaume-Uni) et Le Manège Enchanté (France). De par le public adolescent/adulte auquel elle s'adressait plus particulièrement, la série Gustave dénotait dans cette sélection dont tous les autres titres étaient destinés en premier lieu à de jeunes enfants.

La série Gustave aura fortement marqué l'animation hongroise de par la tonalité des sujets sociaux qui y furent traités, autant sur l'homme que sur le milieu urbain dans lequel ce dernier est « noyé ». En effet, l'humour fort agréablement déployé ici avec une efficacité attachante est relativement caustique et fait preuve à l'occasion d'une certaine noirceur, faisant ainsi une critique de la société parfois acerbe, tout en conservant une certaine légèreté. De fait de cette originalité pour l'époque, le personnage est devenu parmi les plus célèbres de cette animation magyar qui reposait alors beaucoup sur des récits plus traditionnels comme des contes dont Gyula Macskássy (1912-1971), créateur du Pannónia Filmstúdió en 1951 (sur la base de son précédent studio et nommé ainsi à partir de 1957) et qui réalisera quatre épisodes de Gustave, fit des merveilles dans les années 50. A cet égard, on pourrait formuler ainsi de manière relativement simpliste que les travaux de Gyula Macskássy comme Le Petit coq et son diamant faisait de lui un Disney bulgare (voire un Paul Grimault avec une touche plus à l'Est, voire orientale) alors que l'univers de Gustave était beaucoup proche de celui du studio UPA.
Cette série fait partie des toutes premières séries d'animation hongroises comme celle destinée à un plus jeune public Pierrot et ses amis cocréée par Gyula Macskássy évoqué également en cette autre fiche.

Quant à la préhistoire de Gustave : il prit naissance avant qu'il ne soit décidé de l'utiliser pour en faire le « héros » de cette série (à moins que l'idée de s'acoquiner de ce personnage était déjà en germe plus ou mois dans les esprits), ce en 1961 dans le court-métrage Passion /Szenvedély écrit et dirigé par József Nepp (1934-2017, dont c'est la première grande réalisation) et où est traité, au travers de cette première mouture du personnage (qui n'avait alors qu'un unique cheveu sur la tête), la propagande mais aussi la dépendance à la cigarette. En un autre épisode de la série « Gusztáv az ABC-ben » (79ème épisode, 1976, écrit et dirigé par József Nepp et Marcell Jankovics), la dépendance est également traitée mais à un degré différent et ce au travers de la société de consommation, Gustave ne pouvant s'empêcher d'acheter n'importe quel produit au supermarché alors qu'il y va pour du café, et d'y retourner encore car il a oublié de prendre le café, ce qu'il fera à nouveau en remplissant le chariot de divers produits et denrées jusqu'à se tromper quand il y retourne encore une fois, prenant un landau et son occupant à la place d'un chariot (en une succession de gags, évidemment visuels, forts amusants, comme ceux se suivant lorsqu'il triche lors d'une course cycliste à laquelle il participe vêtu d'un maillot portant le numéro zéro), la folie s'emparant de lui au final comme elle le fera dans quelques autres épisodes tels : « Gusztáv a pesszimista » (42ème épisode, 1966, écrit et réalisé par József Nepp) où la peur d'une diversité de malheurs s'abattant sur lui l'étreint, « Gusztáv elidegenedik » (90ème épisode, 1976, écrit par György Várnai, József Nepp et Marcell Jankovics) où il ne peut plus supporter la présence humaine citadine s'agglutinant en nombre au travail et dans l'espace urbain, ou bien encore dans « Gusztáv autója », lorsqu'il protège sa voiture, ne pouvant supporter de la savoir en danger d'un soleil trop chaud ou d'une pluie salissante, et ce au détriment de sa santé (86ème épisode, 1976, écrit par József Nepp et Marcell Jankovics).
Un second court-métrage avec ce même personnage a suivi en 1963 intitulé Holnaptól kezdve avec toujours József Nepp à la direction, Gustave étant en cette autre aventure peu enclin à faire ses exercices de culture physique. Ces deux courts-métrages furent présentés au Festival d'Annecy, respectivement en 1962 et 1963, le premier ayant été aussi en compétition au Festival de Cannes en 1962.

József Nepp, dont le visage avait une légère ressemblance avec celui de Paul Newman, est l'un des principaux réalisateurs de la série avec Marcell Jankovics (1941-) et Attila Dargay (1927-2009) qui créèrent avec lui cette œuvre : sur les 68 épisodes des années 60, il dirige 21 épisodes, et les deux autres artistes respectivement 17 et 15, soit 53 épisodes pour le trio. Ils signèrent de même la plupart des scénarios (50, 34 et 35) et ils furent encore bien présents pour la seconde partie de la série, celle des années 70, du moins sur la 4ème saison, excepté Attila Dargay alors occupé à la réalisation du long-métrage Mathieu l'astucieux (où officiait aussi Marcell Jankovics et József Nepp). On doit au réalisateur Attila Dargay quelques autres longs-métrages ayant connu une certaine attention en France comme Vuk le petit renard (1981) projeté au cinéma dans l'Hexagone durant l'été 1994 (et ce à partir de décembre 1993) et ayant connu une édition en VHS dans le même temps (puis bien plus tard en DVD via deux éditions : TF1 Vidéo et Clavis Films), ainsi que Saffi / Szaff (1985) diffusé sur Canal J le samedi 19 novembre 1994 (année où la petite chaîne diffusa la série Les Contes des près et des bois de Marcell Jankovics ainsi que le film Willy le moineau / Vili, a veréb (1990) de József Gémes, les samedis 14 et 21 mai, Canal J diffusant également outre quelques autres séries hongroises comme Elefanie, le film La Princesse et la Forêt Noire ou La Princesse et la Forêt Magique (1991) de József Gémes en août 1998). A noter que Saffi a été édité en 2001 en France en DVD sous le titre Princesse Saffi et réédité en 2017 sous le titre Saffi et le trésor du pacha chez Clavis Film (film connu au Québec sous le titre Le Trésor des marécages).

A noter encore que l'écran titre de la série originale est celui de chaque épisode présentant le nom de Gustave associé au titre de l'épisode. De par son format et ses histoires sans parole accompagnées de compositions musicales touchant au jazz, entre be-bop et bossa nova, cette série traversa de nombreuses frontières et elle a connu une édition DVD en 2001-02 en son pays (DVD Kft.), mais les 3 volumes publiés ne concernent qu'essentiellement les 52 courts-métrages produits en 1975-77, épisodes 69 à 120 (excepté le 12ème épisode « Gusztáv és a köztulajdon » produit en 1964).
Une autre série hongroise réalisée dans le même temps (1974-76 pour une diffusion en 1977-79), également sans parole et destinée aux plus jeunes (à partir de 3 ans), à savoir A Kockásfülu nyúl (« Le lapin aux oreilles à carreaux » de Veronika Marék), a de même connu un grand succès et ce également de par le monde et au fil des années (dont au Japon et aux États-Unis), et une édition DVD hongroise est sortie dans le même temps que celle de Gustave.

Triste coïncidence, la conception de cette fiche a débuté le vendredi 6 octobre 2017, jour où József Nepp, l'un des créateurs de Gustave s'en est allé.

Liste des épisodes
Titre officiel français (titre original hongrois - réalisateurs, n° d'épisode original, date de diffusion française)

- Gustave et le petit amour (? Gusztáv és a tiszta szerelem - József Nepp, 54ème épisode, diffusé le 1er janvier 1969)
- Gustave divorce (Gusztáv válik - Miklós Temesi, 14ème épisode, diffusé le 1er janvier 1969)

- Le chat de Gustave (Gusztáv macskája - Attila Dargay, 63ème épisode, diffusé le 4 août 1969)
- Gustave et l'essentiel (Gusztáv és a lényeg - József Nepp, 65ème épisode, diffusé le 5 août 1969)
- Gustave intervient (Gusztáv beleszól - Marcell Jankovics, 35ème épisode, diffusé le 6 août 1969)
- Gustave et le sens de la vie (Gusztáv és az élet értelme - Marcell Jankovics, 55ème épisode, diffusé le 7 août 1969)
- Gustave et la fête de la gentillesse (Gusztáv és a szeretet ünnepe - Marcell Jankovics, 45ème épisode, diffusé le 8 août 1969)
- Gustave est le bouc émissaire (Gusztáv és a bunbak - József Nepp, 49ème épisode, diffusé le 9 août 1969)
- Gustave se découvre (Gusztáv felfedezi magát - Marcell Jankovics, 56ème épisode, diffusé le 10 août 1969)
- Gustave assure l'ordre (Gusztáv rendet teremt - Attila Dargay, 51ème épisode, diffusé le 11 août 1969)
- Le faible (de) Gustave (Gusztáv gyenge pontja - József Nepp, 61ème épisode, diffusé le 12 août 1969)
- Gustave et l'ingrat corbeau (Gusztáv és a hálátlan varjú - Attila Dargay, 41ème épisode, diffusé le 13 août 1969)
- Gustave et l'éléphant de l'état (Gusztáv és az állami elefánt - Marcell Jankovics, 50ème épisode, diffusé le 14 août 1969)
- Gustave et le championnat du monde (Gusztáv és a világbajnokság - Marcell Jankovics, 46ème épisode, diffusé le 15 août 1969)
- Gustave plaisante (Gusztáv viccel - Attila Dargay, 64ème épisode, diffusé le 16 août 1969)
- Gustave et le paon (Gusztáv idegen tollakka - Marcell Jankovics, 48ème épisode, diffusé le 17 août 1969)
- Gustave se donne du courage (Gusztáv bátorságot merít - Attila Dargay, 59ème épisode, diffusé le 18 août 1969)
- Gustave et le parent noir (Gusztáv és a gazdag rokon - Marcell Jankovics, 52ème épisode, diffusé le 19 août 1969)
- Gustave et la détente (Gusztáv pihen - József Nepp, 47ème épisode, diffusé le 20 août 1969)
- Gustave est la proie de ses nerfs (? Gusztáv kikapcsolódik - Marcell Jankovics, 60ème épisode, diffusé le 21 août 1969)
- Gustave se repose (?, diffusé le 22 août 1969)
- Gustave et les projets illicites (?, diffusé le 23 août 1969)
- Gustave et les choses à faire (?, diffusé le 24 août 1969)
- Gustave sait mieux (Gusztáv jobban tudja - József Nepp, 38ème épisode, diffusé le 25 août 1969)

- Un nouveau Gustave (Egy új Gusztáv - József Nepp, 53ème épisode, diffusé le 27 juin 1970)
- Gustave est superstitieux (Gusztáv babonás - Attila Dargay, 44ème épisode, diffusé le 4 juillet 1970)

26 autres titres officiels français des épisodes produits en 1964-68 dont on ne sait s'ils furent diffusés sur l'ORTF mais qui semblent avoir connu une distribution au Québec.

- Gustave avant son tour (Gusztáv soron kívül - József Nepp, 3ème épisode)
- Gustave reste au lit (Gusztáv ágyban marad - Attila Dargay, 5ème épisode)
- Gustave célibataire provisoire / Gustave veuf de circonstance (Gusztáv, a szalmaözvegy - Marcell Jankovics, 6ème épisode)
- Gustave, le sauveteur (Gusztáv, az életmento - Gyula Macskássy, 7ème épisode)
- Gustave et un autre (Gusztáv + 1 fo - Tamás Szabó Sipos, 8ème épisode)
- Gustave quel bon voisin (Gusztáv, a jó szomszéd - Marcell Jankovics, 9ème épisode)
- Gustave, le bel esprit (Gusztáv, a széplelku - Attila Dargay, 10ème épisode)
- Ah, ce qu'il est poli, Gustave ! (Gusztáv udvarias - Miklós Temesi, 11ème épisode)
- Gustave le précieux (Gusztáv drága - József Nepp, 13ème épisode)
- Gustave traque les souris (Gusztáv egeret fog - József Nepp, 15ème épisode)
- Gustave pacifiste (Gusztáv, a pacifista - József Nepp, 16ème épisode)
- Gustave joue aux échecs (Gusztáv sakkozik - Gyula Macskássy, 18ème épisode)
- Gustave et le porte-monnaie (Gusztáv és a pénztárca - Lajos Remenyic, 20ème épisode)
- La poule de Gustave (Gusztáv tyúkja - Attila Dargay, 23ème épisode)
- Gustave contre la loi (Gusztáv a törvény ellen - Miklós Temesi, 24ème épisode)
- Gustave et la bague magique (? Gusztáv és a gyuru - József Nepp, 26ème épisode)
- Gustave dans le noir (Gusztáv a sötétben - József Nepp, 28ème épisode)
- Gustave chef de bureau (Gusztáv és a fonök - Miklós Temesi, 31ème épisode)
- Gustave au refuge (Gusztáv a menedékházban - József Nepp, 34ème épisode)
- Gustave et le chien de chasse (? Gusztáv és a vadászeb - Attila Dargay, 43ème épisode)

- Gustave dompte des lions (? Gyula Macskássy)
- Gustave est malin (?)
- Gustave à l'affût (? Marcell Jankovics)
- Gustave l'homme fort (?)
- Gustave, le vert galant (? Marcell Jankovics)
- Gustave se vante (? Miklós Temesi)
Auteur : Captain Jack
Gustave - image 1 Gustave - image 2 Gustave - image 3 Gustave - image 4 Gustave - image 5 Gustave - image 6 Gustave - image 7 Gustave - image 8 Gustave - image 9 Gustave - image 10 Gustave - image 11 Gustave - image 12 Gustave - image 13 Gustave - image 14 Gustave - image 15 Gustave - image 16 Gustave - image 17 Gustave - image 18 Gustave - image 19 Gustave - image 20 Gustave - image 21 Gustave - image 22 Gustave - image 23 Gustave - image 24 Gustave - image 25 Gustave - image 26 Gustave - image 27 Gustave - image 28 Gustave - image 29 Gustave - image 30 Gustave - image 31 Gustave - image 32 Gustave - image 33 Gustave - image 34 Gustave - image 35 Gustave - image 36 Gustave - image 37 Gustave - image 38 Gustave - image 39 Gustave - image 40 Gustave - image 41 Gustave - image 42 Gustave - image 43


Gusztáv © Attila Dargay, Marcell Jankovics, József Nepp / Pannónia Film, Magyar Television
Fiche publiée le 23 octobre 2017 - Dernière modification le 06 janvier 2019 - Lue 7574 fois