Histoire de France en bandes dessinées

De la Gaule des Celtes et de Vercingétorix à la Cinquième République du Général de Gaulle président et de ses deux successeurs, c'est 2000 ans d'histoire de la France qui nous est contée ici.

Deux ans avant que ne soit produite la première grande série d'animation ayant pour sujet l'Histoire, à savoir Il était une fois... l'Homme, la série de dessins non animés Histoire de France en bandes dessinées (ou Histoire de France en bandes dessinées télévisées à partir du 7ème épisode sur le carton du titre) consacrait exclusivement son sujet à celui de l'Hexagone. Si le terme bande dessinée s'explique facilement puisque la série fut conçue avec le matériel iconographique de la collection de bandes dessinées éponyme qu'elle transposait ainsi sur le petit écran (collection des éditions Larousse, 24 volumes, 1976-78), le langage graphique mis en image pour la télévision se rapprochait plus d'une suite d'illustrations se succédant une à une que d'une véritable représentation de l'art séquentiel exposant plusieurs images (cases) en une page visible dans son ensemble. De plus, point de bulle ici mais un narrateur contant faits et actions avec quelques voix pour certains personnages, ce qui pour un format audiovisuel reposant de fait sur l'image et le son est relativement naturel.

L'Histoire nous est contée en cette série de manière relativement classique, comme dans son support papier, présentant les principaux grands faits historiques (guerres et autres conflits) et de même les principales personnalités majeures (rois et autres hommes de pouvoir) qui ont façonné au cours des siècles les reliefs du territoire hexagonal. Bien que l'ouvrage soit sérieux et rigoureux, il recèle tout de même de nombreux clichés ainsi que des scènes de dramatisation théâtrale que l'on doit, en plus de la mise en scène, aux comédiens des tréteaux officiant sur cette série sur les voix, et bien que des aspects de cette histoire de France soient absents, cela n'entache toutefois en rien l'ensemble qui dans une telle forme ne pouvait aller au-delà d'un certain développement.
Le contenu « scientifique » est ainsi alimenté à l'écran par les illustrations et les divers effets de la caméra et du bruitage pour rendre un peu plus vivant le passé, faisant de la sorte de ce programme un divertissement éducatif. Émotionnellement, si ce n'est les dessins qui apportent une évidente chaleur humaine, voir une dimension imposante proche d'une certaine idée de la mythologie de l'Histoire transmise par la puissance du graphisme des dessinateurs espagnols usant de leurs crayons sur cet ouvrage, le contenu narratif suit dans les grandes lignes une rectitude pédagogique due à la science sociale qu'elle expose. L'autre série de référence alors sur l'Histoire qu'est Il était une fois... l'Homme était bien différente dans le sens qu'elle était accompagnée par une tonalité humaniste, cela au travers de son discours et particulièrement de ses personnages dont les caractéristiques traversaient les siècles et auxquelles les téléspectateurs pouvaient s'attacher affectivement.

Évidemment, ce genre de documentaire liant illustrations et discourt pédagogique n'est pas là pour remplacer un livre sur l'Histoire, mais comme pour les Il était une fois... d'Albert Barillé, c'est pour un jeune téléspectateur une agréable introduction pour faire la connaissance de cette matière tournée vers le passé qui a peut-être disparu, mais dont les effets forment encore le présent et de fait le futur. On notera tout de même le ressenti que l'on peut avoir en suivant la narration concentrée pour aller à l'essentiel que cette histoire de France est tel un fleuve temporel dont le lit empli de sang n'aurait cessé de couler...

Parmi les scénaristes et dessinateurs qui donnèrent forme à cette Histoire de France en bandes dessinées, nombre d'entre eux étaient issus du « vaillant » magazine pour la jeunesse Pif Gadget tels les géants de ce périodique le scénariste Jean Ollivier et le dessinateur Raphaël Marcello qui y produisirent ensemble les aventures du Docteur Justice (à partir de 1970), ainsi que tout aussi colossaux le scénariste Roger Lécureux (Nasdine Hodja, Rahan, Capitaine Apache) et le dessinateur Raymond Poïvet qui donnèrent vie – période Vaillant – aux fameux Pionniers de l'espérance (1945-73), mais aussi le dessinateur Eduardo Teixeira Coelho qui, avec Jean Ollivier, œuvra pour l'univers « arnalien » à la création de nombreux titres : Ragnar le Viking (1955-69), Robin des Bois (1969-75), Le Furet (1975-76), Erik le Rouge (1976-78) et Ayak, le loup blanc (1979-84). Les scénaristes Pierre Castex (avec Jacques Flash avec entre autres Roger Lécureux et Gérald Forton) et Christian Godard (avec La Jungle en folie) ainsi que le dessinateur Gérald Forton sont eux aussi passés par les éditions Vaillant, tout comme le scénariste Victor Mora qui adapta avec Raphaël Marcello les aventures de la série télévisée britannique Amicalement vôtre et Guido Buzzelli, un autre grand dessinateur espagnol qui y illustra quelques couvertures en 1982 ainsi qu'une histoire sur King Kong en 1986.

La série fut diffusée une première fois, essentiellement le vendredi à 18h45 sur FR3, à partir du 8 octobre 1976 jusqu'au 22 septembre 1978, les 97 épisodes la composant ayant ainsi occupé ce créneau horaire durant deux années sans interruption (une semaine après sa conclusion débute sur la même chaîne la première diffusion de la série Il était une fois... l'Homme). Puis elle fut rediffusée à nouveau sur FR3, sur cette fameuse case horaire de 19h55 occupée quelques mois plus tôt par la série d'Albert Barillé, tous les soirs du lundi au samedi, du 7 janvier 1980 au 27 juin 1980.

Bien qu'il a été comptabilisé 97 épisodes répertoriés avec nombre de fautes d'orthographe par l'INA, il est possible que deux ou trois titres soient issus d'erreurs d'archivage : la série comporterait alors 94 ou 95 épisodes.