Les Enfants du Temps

Hodaka est un adolescent fugueur. Vagabondant à Tokyo, alors qu'une pluie diluvienne s'abat sur la ville, il peine à trouver du travail jusqu'à-ce qu'il rencontre Keisuke Suga, un journaliste à sensation d'un genre particulier : Avec l'aide de Natsumi, son exubérante nièce, ils sont à la recherche des Filles-Soleil, des jeunes filles qui, selon la légende, auraient le pouvoir d'arrêter temporairement la pluie à la suite d'une prière.

Hodaka se fait engager par Keisuke pour assister Natsumi dans ses investigations, et il fait la rencontre de Hina, une Fille-Soleil vivant de petits boulots avec son frère Nagisa. Les deux jeunes gens se lient d'amitié et montent une agence pour arrêter la pluie lors d'évènements divers (mariages, conventions...). Mais des évènements houleux vont perturber ce train de vie : Les pluis se font de plus en plus violentes, la police recherche Hodaka pour avoir fugué et Hina va se retrouver face à un choix irréversible...

Pour son nouveau film, Makoto Shinkai revient sur le thème de la pluie, six ans après The Garden of Words. Conçu à une période ou des pluies diluviennes submergeaient le Japon, le réalisateur écrivit le scénario en réponse au sentiments des japonais vis-à-vis du changement démographique du pays.
Le film comporte également des références à des croyances et légendes japonaises qui ne sont pas forcément perceptibles pour un œil occidental, comme l'utilisation des Teru Teru Bôzu, des poupées de papier qui auraient la capacité de faire cesser la pluie à la suite d'une incantation.

Bien que réalisé en très peu de temps, le film a eu d'excellents résultats au box-office japonais. Sans avoir surpassé le score de Your Name, le précédent film de Shinkai, il fait parti des plus grands succès japonais. Pour l'anecdote, Les Enfants du Temps est le tout premier film d'animation japonais à avoir été proposé dans les salles indiennes, et ce grâce à une importante mobilisation d'amateurs de japanimation. En France, le film est sorti via le distributeur BAC Film, et a fait moins parler que Your Name. Si le succès fut au rendez-vous, le film fut moyennement reçu par la critique, certains lui reprochant une trop grande similitude avec Your Name, dans lequel on retrouve pratiquement la même équipe (le producteur Genki Kawamura, le chara-designer/animateur Masayoshi Tanaka, le groupe Radwimps à la musique). Il faut savoir que Makoto Shinkai, à la lecture des mauvaises critiques de Your Name, décida de faire en sorte que son prochain film soit détesté par la critique, et ce en accentuant certains des points plus détestés par la presse ayants critiqués Your Name.

Ceci étant dit, le film est un très bon cru, le réalisateur accordant, comme ce fut le cas dans son film précédent, une très grande importance à son scénario et ses personnages qu'à l'aspect visuel, et jouant beaucoup sur les non-dits, laissant volontairement planer le doute sur certains mystères. Les protagonistes sont bien traités et on s'attache facilement à eux. Il y'a aussi des apparitions surprises de Taki et Mitsuha, les héros de Your Name, qui récupèrent d'ailleurs leurs voix françaises et japonaises.
Makoto Shinkai explore certaines de ses thématiques habituelles, comme la force de la jeunesse face à un monde adulte (on le ressent parfaitement avec la dualité Hodaka/Keisuke), mais il traite aussi des sujets inédits, comme la prostitution des mineures au Japon par des malfrats, la difficulté d'un parent divorcé à voir son enfant, mais aussi, de manière moins explicite, la maltraitance des enfants par leurs parents (ce dernier point sera d'ailleurs plus exploité à travers la novélisation du film).
Enfin, comme les autres productions de Shinkai, on ne peut passer à coté de la beauté sans pareil du film : Le chara-design est agréable, l'animation est d'excellente qualité malgré des moyens moindres et les décors sont des réussites visuels. L'aspect technique (lumières, couleurs, etc) joue parfaitement sur le contraste entre les journées pluvieuses et celles ensoleillées, participant pleinement à l'action et servant une très bonne mise-en-scène. On retiendra en particuliers les deux scènes d'envols, très impressionnantes et remarquables.

Ode à la nature, à la jeunesse et aux mythes japonais, non-avare de suspens et de sentiments, aimé par les uns et moins par les autres, Les Enfants du Temps est une œuvre sympathique, rafraichissante et qui fera à la fois le bonheur des fans du réalisateur mais aussi des curieux.