Evangelion : 3.0 + 1.0  Thrice upon a time

Après le Fourth Impact qui a été stoppé par Mari et le sacrifice de Kaworu, la région autour de la ville de Tokyo-3 a été fortement impacté. Asuka emmène Rei et Shinji dans un village de campagne. Là, ils retrouvent leurs anciens compagnons de collège, Tôji, Hikari et Kensuke. Les deux premiers ont eu un enfant ensemble, tandis que Shinji n’a pas vieilli. Alors que ce dernier est complètement apathique à cause de la mort de Kaworu et l'apocalypse qu'il a failli provoquer, Rei découvre une existence simple, bien éloignée de sa vie habituelle de pilote d’Evangelion. Elle parvient même à faire sortir Shinji de sa torpeur avant de disparaître, faute d’avoir pu avoir accès au LCL, l’élément qui lui permet de rester en vie. Plus tard, Misato vient chercher Asuka et Shinji décide de l’accompagner. Tous les membres de la WILLE se préparent alors à la lutte finale contre la NERV. En effet, Gendô (le père de Shinji) a l’intention de déclencher un nouveau cataclysme sur Terre pour mettre un terme à l'humanité...

Evangelion : 3.0 + 1.0 est le quatrième et dernier volet de la tétralogie Rebuild of Evangelion basée sur la série Neon Genesis Evangelion et c'est le plus long des quatre (avec plus de 2 heures et demi au compteur). C’est aussi celui qui a mis le plus de temps à sortir, il a en effet fallu attendre pas moins de 9 ans après la sortie en salles de Evangelion : 3.0 - You Can [not] Redo. Cette énorme attente peut s’expliquer par 3 facteurs : en premier, les problèmes de trésorerie du studio Khara (qui avait prêté 100 millions de yens au studio Gainax, qui avait produit la série télévisée d’Evangelion, prêt qui ne sera finalement pas remboursé), en deuxième, le fait que la société Toho avait demandé à Hideaki Anno de réaliser le film Shin Godzilla (Godzilla Resurgence) en 2016, et enfin en troisième, la dépression d’Hideaki Anno.
Ce dernier n’avait en effet pas d’idées pour terminer sa tétralogie, notamment parce qu’en raison de son âge, il se sentait à présent plus proche de Gendô que de Shinji. C’est d’ailleurs cette idée qui le mènera à axer une partie de l’intrigue du film sur le lien entre Shinji et son père, lien qui trouvera une issue bien plus positive que dans la série. Il interrogera son entourage et notamment Megumi Ogata, la seiyû (voix japonaise) de Shinji, pour savoir comment faire évoluer ce dernier et là encore, il ira vers du positif en faisant mûrir Shinji et le rendre capable de venir en aide à ceux qui l'entourent. Il trouvera aussi comment utiliser Mari, le personnage inédit de cette tétralogie, qui jusque là n’avait pas vraiment été exploitée (en s'inspirant, apparemment, de sa propre femme Moyoco Anno). Ce qui remotivera également Hideaki Anno, c’est de se souvenir qu’il avait créé à l’origine Evangelion pour revitaliser l’industrie japonaise qui, dans les années 90, s’était un peu relâchée en produisant beaucoup de remakes de séries à succès. Ainsi, il utilisera dans Evangelion : 3.0 + 1.0 des technologies peu utilisées en animation (voire expérimentales) lui donnant des allures de film live, et, plutôt que de réaliser des storyboards pour les transposer en animation, il préfèrera réaliser l’animation en premier puis créer des scènes cohérentes à partir de celle-ci (toutefois, en cours de production, il reviendra vers une réalisation plus classique, possiblement parce que cette nouvelle façon de faire était trop chronophage).

Alors que le précédent film avait renoué avec la noirceur des passages les plus sombres de la saga, celui-ci revient au contraire vers la lumière. Ainsi, bien qu’il reprenne beaucoup d’éléments de The End of Evangelion, il en incarne la parfaite antithèse. Là où le film de 1997 était nihiliste, désespéré et n’offrait aucune issue positive à ses personnages, Evangelion : 3.0 + 1.0 se montre résolument optimiste et permet aux différents protagonistes de dépasser les limites de leur psychisme pour enfin trouver le bonheur et casser le cycle infernal dans lequel ils (s’)étaient enfermés. C’est surtout Shinji, Rei et Gendo qui trouvent une véritable évolution : Shinji devient un jeune homme qui prend son destin en main au lieu de rester spectateur de sa vie, Rei s’humanise en menant une vie simple entourée d'humains bienveillants et Gendo montre une facette plus sympathique de lui-même, permettant enfin à la relation père-fils de s’apaiser. L’apaisement semble d’ailleurs être le mot-clé de ce film. Outre des moments étonnamment calmes (dans le milieu du film avec les scènes se déroulant dans le village) dont on n’avait pas l’habitude dans l’univers d’The End of Evangelion, c’est surtout le sentiment que Hideaki Anno a enfin fait la paix avec son œuvre phare qui transparait. Alors qu’il s’était auparavant abandonné à ses pulsions les plus sombres au travers de scènes ultra-violentes, parfois assez choquantes, et avec souvent un certain sens de la provocation, il s’offre ici un des séquences plus matures, certes avec toujours beaucoup de grand spectacle, mais empreint d’une poésie et d’une sérénité nouvelle, rappelant par moments les films de Hayao Miyazaki. On sent qu’il a eu envie de dire au revoir (définitivement ?) à son œuvre mais de manière respectueuse, aussi bien pour lui que pour les spectateurs.

A propos de spectateurs, il faut toutefois préciser que tous n’ont pas été enchantés par ce film, certains trouvant sa fin trop banale voire un peu niaise, et ont accusé Hideaki Anno de faire du révisionnisme, à l’instar de Yoshiyuki Tomino qui avait changé la fin tragique du héros de Zeta Gundam dans la trilogie cinématographique Zeta Gundam : A New Translation. Certains ont aussi pointé du doigt le fait que les quatre films de Rebuild of Evangelion ont tous une ambiance très différente, donnant une impression de décousu, sans compter certains éléments du scénario qui restent inexpliqués, sans doute à cause des errements de Hideaki Anno dans l’élaboration de sa tétralogie. Il est toutefois indéniable que malgré quelques faux pas, les films de Rebuild of Evangelion apportent une expérience nouvelle et inoubliable pour les fans de la série et des films des années 90. Là où certains réalisateurs se seraient contentés d’un banal remake, il faut avouer que Hideaki Anno a su prendre des risques pour renouveler sa saga.

A noter que les 10 premières minutes du film avaient été montrées en 2019 à Japan Expo et dans d'autres conventions ailleurs dans le monde. Evangelion : 3.0 + 1.0 devait d’ailleurs sortir en juin 2020 mais à cause de la pandémie du covid - qui freinait les spectateurs à aller voir des films en salle - il sera repoussé à janvier 2021 puis finira par sortir en mars 2021. Son succès sera colossal, devenant le film de la saga qui a le mieux marché en salles mais aussi le 2ème film le plus profitable au Japon sur l'année 2021. En juin 2021, il ressortira dans certains cinémas japonais avec des corrections mineures et sous le titre Evangelion : 3.0 + 1.01. Le film sera ensuite distribué à l'international à partir du 13 août 2021, date de sa mise en ligne sur la plateforme de streaming d’Amazon, Prime Video. Il sortira tardivement en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD Blu-ray, en mars 2023, avec encore quelques retouches et sous le titre Evangelion : 3.0 + 1.11. Cette édition vidéo s'accompagnera de la sortie d'une OAV de 10 minutes, Evangelion: 3.0(-46h). Celle-ci se déroule pendant les évènements du film Evangelion : 3.0 - You Can [not] Redo et met en avant Midori Kitakami, membre de la WILLE (l'organisation dirigée par Misato). On retrouve aussi dans cette OAV Asuka et Mari.