Shinzô Ningen Kyashân

Le génial professeur Kotaro Azuma est l'inventeur d'une série d'androïdes dont la mission est d'aider et servir l'humanité. Malheureusement, un soir, un violent orage frappe son manoir et dérègle violemment le premier androïde, BK-1, qui, devenu incontrôlable, s'échappe.
Doté d'une conscience propre, et devenu fou, le robot se renomme Buraiking Boss et mène la rébellion androïde pour conquérir l'humanité.

Afin de lutter contre ce qu'il a contribué à créer, et qui entraîne désormais le monde dans le chaos, le professeur cybernétise son propre fils, Tetsuya, afin qu'il devienne un surhomme, seul capable de tenir tête aux monstres mécaniques. Devenu Casshern (Casshan), et muni d'un grand nombre de gadgets en plus d'une force amplifiée, aidé de son chien robot Friender et de la jeune Luna Kozuki, il parcourt le monde pour détruire les robots de Buraiking Boss tout en espérant ramener la paix un jour, en détruisant ce dernier...

Casshern (ou Casshan) est l'un des plus fameux personnages créés par la firme japonaise Tatsunoko. Fin 1972, et devant le succès considérable de leur série Gatchaman (La Bataille des Planètes en France), Tatsunoko décide de créer une nouvelle série elle aussi un peu inspirée des superhéros américains, avec les codes et l'originalité propres à la firme.
"Casshern" est mis en chantier et était prévu pour occuper la case horaire de Gatchaman, propice aux séries d'action... Mais le succès de la Force G a conduit à la mise en production de nouveaux épisodes et finalement, Casshern devra être diffusée un autre jour, le Mardi, où étaient alors plutôt proposés des dessins animés féériques ou inspirés de contes populaires. C'est peut-être une des raisons qui explique que l'esthétique globale de cette nouvelle série évoque les contes de fée (Tetsuya et ses parents vivent dans un grand château médiéval, la conscience de la mère de Casshern est enfermée dans un robot au design d'un cygne... sans compter l'allure générale des décors, mettant en scène des villes et villages fictifs dans le monde).

Si l'influence japonaise est évidente pour le personnage de Casshern (il puise son inspiration dans la série Astro le petit robot des années 60, mais surtout la populaire série Toksuatsu "Kikaider" (inédite en France) ne serait-ce que pour la conception et l'aspect mécanique du héros), celui-ci doit aussi beaucoup à Superman, dont les fondateurs de Tatsunoko étaient grands fans. L'hommage à l'homme d'acier, parfois subtil, est perceptible à bien des égards.
En 1973, le Japon est encore sous le choc de la Seconde Guerre mondiale et les questions liées à la l'industrie, les robots et la pollution, et plus généralement un monde pouvant retomber dans les travers de la destruction, de la Guerre et de l'asservissement, trouvent un écho dans la série... Si le thème du robot échappant au contrôle de ses créateurs deviendra récurrent dans la culture populaire dans l'avenir (citons entre autres la franchise cinéma Terminator, ou la série Captain Power), Casshern s'inscrit toutefois comme une des oeuvres pionnières dans cette thématique et a pu ainsi, comme Kikaider, servir de modèle pour toute oeuvre du genre... Il peut aussi être vu comme une possible inspiration des chinois pour le film Super Inframan (même s'il faut davantage voir ici un mélange de Superman et d'Ultraman)...

Dans les documents officiels, le nom de "Casshan" viendrait de l'anglais "cache", évoquant un trésor caché pour les générations futures, et de façon allégorique, l'humanité du héros. Le réalisateur Hiroshi Sasagawa précise que le nom est en fait inspiré de l'onomatopée du bruit d'un verre se brisant, évoquant quelque chose qui ne peut être réparé. C'est une allusion directe à l'humanité perdue du héros, qui ne pourra en fait jamais redevenir totalement humain... Moins porté sur les séries d'action que d'autres au sein de Tatsunoko, Sasagawa s'est aussi inspiré du voyage initiatique de Judo Boy, une des premières oeuvres à succès de la firme, et transporte Casshern dans le monde, le faisant rencontrer des personnages différents, aux allures variées évoquant de nombreuses cultures. Ce qui fonctionne dans Judo Boy, le fait moins ici puisque notre héros sait parfaitement où est localisé son ennemi principal, rendant ses déplacements dans le monde moins cohérents, mais la série trouve toutefois une certaine variété graphique dans les décors et autres intervenants, qui lui donne une certaine originalité pour un dessin animé de ce genre.
Enfin le design du héros évoque la première oeuvre animée de Tatsunoko, Space Ace. Celui de Buraiking Boss est aussi inspiré d'un chef miliaire belliqueux dans l'épisode 13 de Judo Boy !

Faisant partie depuis des 4 oeuvres incontournables des années 70 de Tatsunoko (Gatchaman, Casshan, Polymer et Tekkaman), la série aura connu de nombreuses autres dérivées... Une série d'OAV en 1993, un film live en 2004, ou encore la série Casshern Sins en 2008.
La série est culte au Japon mais pour ainsi dire inconnue chez nous. Elle est d'ailleurs à ce jour, toujours inédite sur notre territoire...