Fiche technique
Nom original | Snegurochka (Снегурочка) |
| La demoiselle des neiges |
Origine | Russie |
Année de production | 1952 |
Production | Soyuzmultfilm |
Durée | 65 minutes |
Auteur | Alexandre Ostrovski |
Réalisation | Ivan Ivanov-Vano, Alexandra Snezhko-Blotskaya |
Scénarii | Alexandra Snezhko-Blotskaya, Oleg Leonidov, Ivan Ivanov-Vano |
Production délégué | B. Chekalov |
Animation | Nadezhda Privalova, Valentin Lalayants, Lidia Reztsova, Faina Yepifanova, Roman Kachanov, Roman Davydov, Konstantin Malychev, Boris Boutakov, Michael Botov, Vladimir Arbekov, K. Nikiforov, Elizabeth Komova, Konstantin Chikine, Grigory Kozlov, Tatiana Fedorova, Vadim Dolgikh, Vyacheslav Kotenochkin, Vladimir Danilevich, B. Savkov |
Direction artistique | Nadezhda Stroganova |
Direction du son | Nikolai Prilutsky |
Décors | Galina Nevzorova, Olga Ghemmerling, N. Fedorova, Yelena Tannenberg, Victor Nikitin, Lev Milchin, Irina Svetlitsa, Vera Valerianova, Irina Troyanova |
Montage | Nina Mayorova |
Direction photographie | Nikolai Vohinov, Elena Petrova |
Musiques | Nikolai Rimsky-Korsakov |
Synopsis
Dans les terres des Berendeïs, à une époque datant d’avant la Russie, l’hiver qui a duré 15 ans arrive enfin à son terme. Le père Frimas, divinité du froid, s’en va regagner le nord et fait ses aurevoirs à la Fée Printemps, son épouse. Cette dernière demande à son mari de laisser avec elle, Snegurochka, leur fille unique, qui ne souhaite pas quitter les Berendeïs. Mais, égoïstement, le père Frimas ne veut pas que sa fille se retrouve seule avec sa mère et propose de la confier à Bobyl, un vieil homme sans enfant, et à son épouse. La Fée Printemps accepte, à contre-cœur. Snegurochka souhaite rester dans le lieu où elle a grandi car elle tient à rester auprès des humains et en particulier auprès de Lel, un berger qu’elle a l’habitude de regarder de loin lorsqu’il chante et joue de la flute. Le père Frimas met en garde sa fille de ne pas tomber amoureuse de Lel : si son cœur se réchauffait en se laissant aller à des sentiments, elle fondrait et perdrait la vie par la même occasion. Snegurochka le rassure, elle n’est pas amoureuse. La Fée Printemps dit à sa fille que si elle se sent malheureuse, elle pourra venir la trouver dans la forêt et elle exaucera n’importe laquelle de ses demandes. Avant de partir, le père Frimas confie sa fille aux goblins qui devront veiller sur elle... ainsi que sur Lel pour qu’il ne cause pas de tort à Snegurochka !
Quelques temps après, le printemps est revenu et Snegurochka a fait connaissance avec Lel. Celui-ci se montre charmeur avec elle mais il est clair que ses intentions envers elle sont superficielles car il fait aussi du charme aux autres filles du village avoisinant ! Dans le même temps, Snegurochka attire l’attention de Mizgir, un homme riche qui devait se marier avec Kupava, une villageoise qu'il abandonne sans regrets ! Sur le conseil de Lel, Kupava décide d’aller se plaindre au Tsar des Berendeïs pour qu’il intervienne en sa faveur. Le Tsar est très mécontent d’entendre qu’un de ses sujets a délaissé sa fiancée car il craint que cette situation déplaise à Yarilo, le dieu du soleil, qui pourrait être courroucé par un comportement aussi froid ! Pour éviter sa colère qui signifierait le retour du froid, le Tsar décide de convoquer un tribunal qu’il préside. Mizgir refuse de prendre Kupava pour épouse en raison de ses sentiments amoureux pour Snegurochka. En conséquence, le Tsar condamne Mizgir à l’exil. Toutefois, Mizgir déclare au Tsar que s’il voyait Snegurochka, il comprendrait mieux sa décision. C’est alors que Snegurochka fait son apparition. Le Tsar est subjugué par sa beauté et sa distinction et s’en remet à sa décision : veut-elle épouser Mizgir ou un autre homme ? Mais Snegurochka ne sait que répondre car son cœur reste froid. Le Tsar, qui redoute toujours la colère de Yarilo, déclare que si un home réussit à dégeler le cœur de Snegurochka d’ici la fête donnée en l’honneur du dieu Soleil, il pourra l’épouser. Il annulera même l'exil de Mizgir s'il réussit à se faire aimer.
» Résumé complet
Commentaires
Snegurochka (la demoiselle des neiges) fait partie de l’âge d’or du cinéma d’animation russe aux côtés de La Reine des Neiges, L’Antilope d’Or, La Belle et la Bête ou encore Le Petit Cheval Bossu. A l’origine, il s’agit d’une pièce en vers écrite en 1873 par le dramaturge Alexandre Ostrovski et transposée en opéra en 1882 par Nikolaï Rimski-Korsakov. Le film d’animation qui nous intéresse ainsi reprend d’ailleurs cette partition, interprétée par l’Orchestre du Ministère du Cinéma de l’URSS. On peut entendre fréquemment des airs de cet opéra dans ce film puisque les personnages poussent plusieurs fois la chansonnette, notamment pour illustrer leurs sentiments. Par rapport à l’opéra d’origine, il y a toutefois de nombreuses coupes, le film durant à peine plus d’une heure.
L’histoire s’apparente aux contes de fées, mais de ceux qui finissent mal comme La Petite Sirène (que les Russes adapteront 16 ans plus tard dans un court-métrage d’une demi-heure). Le contexte est par ailleurs emprunt du folklore russe et on retrouve des personnes célèbres comme Père Frimas (aussi connu sous le nom de Père Gel ou encore Ded Moroz en russe) et évidemment Snegurochka (La demoiselle des neiges), l’héroïne du film, qui est une figure emblématique russe des fêtes de Noël et du Nouvel An. Elle apparait dans plusieurs contes et suivant les versions elle est la fille ou la petite fille du Père Frimas. Dans tous les cas, elle disparait toujours d’une manière tragique : en fondant comme neige au soleil.
Comme mentionné dans le premier paragraphe, cette version est très courte et c’est là son principal défaut, tout s’enchaine trop vite, et les personnages tombent amoureux les uns des autres sans que ne soient développés leurs sentiments, ce qui donne un côté très superficiel à cette œuvre. Il est évident que les Russes ayant grandi avec cette histoire peuvent facilement combler les manques, ce qui n’est guère le cas des Occidentaux. Heureusement, la fin est suffisamment poignante et poétique pour que le film reste dans les mémoires.
En revanche, du point de vue artistique, Snegurochka demeure encore très beau, bien qu’évidemment le film accuse le poids des années : les décors sont magnifiques et on notera le soin accordé aux paysages, notamment les reflets de l’eau et les rayons de soleil qui sont très réalistes pour l’époque. L’animation des personnages a été réalisée selon le procédé de rotoscopie, très en vogue dans ces années-là : ainsi, de vrais acteurs ont été filmés en train de jouer et les animateurs ont reproduit leurs mouvements, ce qui donne une incroyable fluidité aux personnages. Néanmoins, il faut noter un petit bémol : les visages ne sont pas toujours très expressifs.
Le film s’avère très moral, bien qu’il ne fasse pas référence à la religion, jugée contraire à l’idéologie communiste de cette époque (ce qui explique que ce sont des divinités païennes qui sont mises à l’honneur). Ainsi, l’infidélité de Mizgir lui vaut de perdre la vie tandis que Kupava est consolée d’avoir été trahie en trouvant l’amour auprès de Lel. Snegurochka quant à elle représente une mise en garde contre les amours impossibles, à la manière de la petite sirène qui meurt d’avoir voulu connaitre une idylle "contre-nature" (une sirène n’étant pas censée être amoureuse d’un humain, de même qu'une divinité n'est pas censée s'enticher d'un humain). L'innocence de Snegurochka l’aura perdue là où le réalisme de Kupava lui aura permis de se tirer d’une situation délicate. De manière générale, l’histoire insiste sur le cycle des saisons et sur l’inévitable changement qui se produit dans la vie. Or, résister au changement et au temps qui passe ne peut que mener à la tragédie.
A noter l'existence d'un film live russe de 1968 qui reprend la même histoire.
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