Fiche technique
Nom original | Spicy City |
Origine | Etats Unis |
Année de production | 1997 |
Production | Bakshi Productions Inc., HBO |
Animation | Koko Enterprise Co, Seoul Movie, Funbag Animation, Dong Yang Animation |
Nombre d'épisodes | 6 |
Auteur | Ralph Bakshi |
Réalisation | John Kafka (ép. 01 & 06), Ralph Bakshi (ép. 02 & 05), Ennio Torresan (ép. 03 & 04) |
Production | Catherine Winder |
Producteur exécutif | Ralph Bakshi |
Supervision | Eric Radomski |
Scénarii | Preston Bakshi (ép. 01 & 05), Lawrence Chua (ép. 02), Willie Perdomo (ép. 02), Franz Henkel (ép. 03), Lou Walker (ép. 03), Douglas Brooks West (ép. 04 & 06) |
Story-boards | Sharon Bridgeman (ép. 01), John Kafka (ép. 01 & 06), Doug Compton (ép. 02 & 05), Mike Vosburg (ép. 02, 04, 05 & 06), Thomas A. Nelson (ép. 03, 04 & 06), Ennio Torresan (ép. 03 & 04), Marty Murphy (ép. 06), Jennifer Yuh (ép. 06) |
Chara-Design | Michael Diederich, John Kafka, Jennifer Yuh, Ralph Bakshi, Dave Warren, Ennio Torresan, John Vaux |
Décors | Jairo Lizarazu, Jeff Starling, Thomas A. Nelson, Ennio Torresan |
Montage | Paul D. Calder |
Musiques | John McCarthy, Gary Anderson |
Synopsis
Dans un futur dystopique, la séduisante Raven nous accueille au Roost, le nightclub de la cité fréquenté par la haute société. Chaque soir, l’hôtesse a une nouvelle histoire à nous raconter. Des histoires sur certains de ses clients, sur elle, sur cette ville crasseuse où tout se vend et s’achète : les humains, l’amour, la morale…
Commentaires
L’année 1997 a marqué un tournant dans le domaine des séries animées visant un public d’adultes, notamment avec l’arrivée de Spawn, adapté du comics de Todd McFarlane par la chaîne HBO. Ce coup d’éclat médiatique, allié au succès viral de Jesus vs. Santa (un court-métrage amateur de Matt Stone et Trey Parker) conforte la chaîne dans l’idée d’investir ce nouveau marché et contacte le réalisateur Ralph Bakshi pour concevoir une nouvelle série. Ce dernier sort tout juste de la production de deux courts-métrages conçus dans le cadre du What a Cartoon ! Show (Malcolm and Melvin et Babe ! He Calls Me) et accepte aussitôt la proposition.
Initialement nommée Spicy Detective, la série se veut être fortement référencée pour Bakshi mais avec une dimension organique dans son écriture, éloignée du formalisme habituel des productions télévisuelles. Pour cela, il réunit toute une équipe de scénaristes amateurs aux côtés de son fils Preston : les scripts sont ainsi rédigés par des écrivains marginaux qui déclamaient des poèmes dans un bar new-yorkais fréquenté par le réalisateur. Ces auteurs, anciens détenus noirs, asiatiques ou transgenres, vont injecter une part de leur vécu dans des récits autonomes mêlant réflexions cyberpunk à la William Gibson avec les histoires de détective de l’époque de la Prohibition et le cynisme horrifique des Contes de la Crypte. Bakshi se contente de donner quelques indications de tournage, laissant une liberté totale à ses scénaristes. La production est ainsi partagée entre New York sous l’égide du réalisateur et Los Angeles pour HBO, tandis que l’animation est sous-traitée en Corée du Sud.
La série – entretemps renommée Spicy City – fait appel à plusieurs talents impliqués dans Batman, la série animée (comme le chara-designer Michael Diederich et le producteur-superviseur Eric Radomski), ainsi que dans Spawn (avec la productrice Catherine Winder ou le réalisateur Thomas A. Nelson à la conception des décors). Il en ressort un programme situé dans la continuité de ces productions mettant en scène des univers sombres, aux personnages torturés et grotesques dans des récits empreints d’amertume. Comme souvent chez Bakshi, la sexualité occupe une place centrale à l’intérieur des histoires, tour à tour traitée sous un angle romantique (L’amour en téléchargement), grotesque (Les mains de M. Mantillo), déshumanisé (Les larmes d’un clone, Conduite sexuelle) ou manipulateur (Œil pour œil). Et si son graphisme outrancier s’est quelque peu lissé dans Spicy City – avec un tracé plus net qu’à l’accoutumée –, il n’en garde pas moins son caractère cinglant.
Diffusée au mois de juillet, la série précédera d’un mois South Park de Stone et Parker dans la course des séries animées pour adultes. Malgré des critiques mitigées, les scores d’audience sont favorables pour HBO qui accepte de mettre en chantier une seconde saison. Mais les responsables de la chaîne, estimant que le programme est devenu un trop gros succès pour des scénaristes amateurs, exigent que Bakshi licencie son équipe d’auteurs pour que HBO reprenne le contrôle en embauchant des scénaristes professionnels de Los Angeles. Le réalisateur refuse de trahir son équipe et de voir sa création édulcorée par des auteurs n’ayant pas le vécu dépeint dans les épisodes ; Spicy City est aussitôt interrompu.
En France, la série devait être diffusée début janvier 1998 sur Canal Jimmy à la suite de Spawn mais l’engouement pour ce dernier fut tel qu’Alain Carrazé (le co-présentateur de l’émission Destination Séries aux côtés de Jean-Pierre Dionnet) annonça à la place la rediffusion de l’adaptation de la BD de McFarlane à l’attention du public qui avait pris le programme en cours de route. Ce fut durant cette annonce exceptionnelle que Carrazé donna rendez-vous aux téléspectateurs à la mi-février pour découvrir la dernière œuvre d’envergure de Ralph Bakshi depuis l’échec de son film Cool World (1992). Passée cette brève diffusion, Spicy City n’a plus refait surface et constitue aujourd’hui une série oubliée du public français.
Liste des épisodes
01. L’amour en téléchargement
02. Les mains de M. Mantillo
03. Les larmes d’un clone
04. Œil pour œil
05. Conduite sexuelle
06. La revanche de Raven
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Sources :
Jon M. Gibson et Chris McDonnell, Ralph Bakshi, un rebelle du dessin animé, Seuil, 2009.
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